Les héritiers Vernes demandent l’annulation de la vente du Jardin à Auvers de Van Gogh, dont ils contestent l’authenticité. Le Parquet ouvre une information sur la réalité de la vente d’un bronze de Giacometti.
PARIS - Ces deux affaires, à partir de fondements juridiques très différents, ont pour trait commun de viser directement et exclusivement deux commissaires-priseurs importants, Mes Jean-Claude Binoche et Jacques Tajan, mais d’être en fait la conséquence d’imbroglios – sinon de vendettas – divers, dans lesquels ces mêmes commissaires-priseurs n’ont pas nécessairement grand chose à voir. Nous avons déjà évoqué les multiples rebondissements de l’affaire Walter, où l’État a dû finalement verser la somme considérable de 145 millions de francs – bien supérieure au montant des crédits d’achat des musées – pour compenser le dommage causé au vendeur par le classement en “monument historique” du Jardin à Auvers, qui empêchait sa sortie de France et sa vente au prix international.
Que des doutes sérieux puissent s’exprimer maintenant sur l’authenticité de ce monument national n’est évidemment pas à porter au crédit de ceux qui sont intervenus aux différentes étapes de cette affaire et qui semblent curieusement absents aujourd’hui d’un débat conduit par des chercheurs – autrefois qualifiés d’amateurs – extérieurs au milieu professionnel. Les héritiers Vernes, victimes de la rumeur qui a empêché la revente du tableau – que l’État n’a pas voulu racheter, dont on dit qu’il refuserait même l’apport en dation et dont un expert réputé affirme qu’en tout état de cause, il a perdu toute valeur marchande –, se retournent contre le commissaire-priseur de la vente qui a surtout le tort d’être le dernier maillon d’une chaîne de démissions successives.
Au moment où nous “bouclons” ce numéro, dans ce qu’il est difficile de ne pas considérer comme un nouvel épisode de l’affrontement entre Roland Dumas, exécuteur testamentaire de l’artiste, et la Fondation Giacometti, dont nous avons longuement parlé ici, une instruction est ouverte contre Me Jacques Tajan sur la “vente non-vente” d’un bronze de Giacometti.
L’automne semble désormais être propice à la chasse aux commissaires-priseurs. Il serait vain de crier au complot, et les deux intéressés ont au demeurant tous les moyens de se défendre. Il reste que la médiatisation qui en découlera n’est bonne ni pour la profession ni pour le marché, et que les retards qui s’accumulent du côté des pouvoirs publics n’arrangent rien. L’interprofession semble prendre conscience qu’elle doit prendre elle-même son destin en mains. Il faut qu’elle fasse vite.
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Les affaires redémarrent
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°71 du 20 novembre 1998, avec le titre suivant : Les affaires redémarrent