Son association de préfiguration, dirigée par Catherine Grenier, a été mise en place au Palais de Tokyo.
PARIS - Le ministre de la Culture a confirmé le 2 avril l’annonce faite par le président Jacques Chirac lors du trentième anniversaire du Centre Pompidou : les 7 000 mètres carrés en friche dans l’aile ouest du Palais de Tokyo serviront d’écrin à la création française. Ce lieu encore sans libellé devrait ouvrir en 2009, au plus tard début 2010. Sa gestion domaniale et patrimoniale, comme le reste de l’aile ouest, est confiée au Centre Pompidou. De fait, celui-ci devra prendre en charge la réhabilitation des locaux, laissés dans un abandon coupable pendant neuf ans. Environ dix-huit millions d’euros seront nécessaires pour redonner du lustre à cet espace, articulé sur deux niveaux et doté de quatre salles de cinéma.
La programmation devrait être axée autour de grandes monographies d’artistes confirmés et de designers vivant en France ainsi que de modules d’actualité. « Ce sera une activité de centre d’art, car il s’agit d’organiser des expositions, mais la génération concernée n’est pas celle d’un centre d’art, indique Catherine Grenier, directrice de l’association de préfiguration de cette structure. En termes de budget et de condition de présentation, nous serons plus dans une logique de musée. On prévoit aussi un travail documentaire qui n’est pas fait dans les centres d’art. » Il serait également question de reprendre certains événements organisés en province, idée qui figurait déjà dans le cahier des charges du Site de création contemporaine mitoyen. Pour éviter des expositions à usage purement interne, des échanges avec des structures à l’étranger devraient être mis en place. Pour l’heure, les artistes français ne se prononcent guère sur ce « Whitney hexagonal », même si, sotto voce, certains redoutent une ghettoïsation des refusés de Beaubourg. « Si on leur propose d’être là sans avoir droit de cité au Centre Pompidou, ils vont dire non, comme Gilbert & George ont refusé la Tate Britain, admet Catherine Grenier. Mais si on leur offre d’être là en plus, avec des espaces d’actualité et des salles pour des vidéos et des films, ils accepteront. »
Un 3e niveau
Par ailleurs, les craintes quant à une cannibalisation du Site de création contemporaine par le Centre Pompidou semblent s’aplanir. Si le président du Site, Maurice Lévy, se déclare confiant, c’est qu’il a su négocier habilement les choses. Outre la pérennisation et l’indépendance du centre d’art, il a obtenu une augmentation de 100 000 euros de sa subvention annuelle et 900 mètres carrés d’espaces supplémentaires au troisième niveau du bâtiment, exploitables a priori dès 2008. Ces nouvelles salles permettront d’opérer une distinction nette entre programmation commerciale et espace artistique. Autre élément essentiel, le Palais de Tokyo jouira d’un classement en catégorie « L », lui permettant d’organiser ou d’héberger des événements pour accroître ses recettes. Le directeur du Site, Marc-Olivier Wahler, et celui du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Fabrice Hergott, figureront par ailleurs dans le comité de programmation du futur lieu, pour éviter les doublons et, espérons-le, favoriser une synergie.
Ce compromis négocié pied à pied n’exempte toutefois pas l’État français de réviser ses méthodes régaliennes. « Ma seule critique dans cette affaire, c’est que j’aurais préféré que la décision soit arrêtée en concertation plutôt que d’en être un beau jour informé une fois les choses faites, déplore Maurice Lévy. C’est sans doute la différence entre l’univers administratif et l’univers privé. Dans le privé, lorsqu’on prend une décision sans concertation, cela s’appelle en anglais a recipe for failure, une recette pour l’échec. » À méditer…
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Le Whitney à la française est lancé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°257 du 13 avril 2007, avec le titre suivant : Le Whitney à la française est lancé