Paparazzi qui a révélé la liaison de François Hollande avec Julie Gayet en janvier, Sébastien Valiela est aussi celui qui, en 1994, photographiait François Mitterrand avec sa fille Mazarine. Il est le fondateur, après avoir travaillé avec Mouron et Rostain, de sa propre agence Eyewitness (« L’œil du témoin »).
L’Œil Comment voyez-vous l’exposition que le Centre Pompidou Metz consacre aux paparazzis ?
J’ai d’abord été étonné, puis je me suis dit : « pourquoi pas ». Il serait temps que ce style soit reconnu. C’est aussi un joli pied de nez aux gens qui ne nous apprécient pas, surtout dans la profession.
Avez-vous conscience d’avoir développé une esthétique ?
Contrairement aux autres photographes, on ne crée par volontairement un style « paparazzi ». Il est créé par les contraintes techniques de notre profession et par le type de photo que l’on recherche. On travaille de loin avec des téléobjectifs et l’on ne maîtrise pas la lumière, ce qui crée du grain. On est aussi souvent à la recherche du même type de geste : un geste tendre, un baiser… que nous demandent les rédactions.
N’avez-vous jamais voulu exercer autrement votre métier de photographe, en tant que reporter ou portraitiste ?
Absolument pas. J’ai voulu très tôt être paparazzi. Mon premier appareil, je l’ai eu à 8 ans, et à 12 ans je m’amusais à créer des scènes de meurtres, des faits divers vus dans les journaux. À cette époque, je voulais être paparazzi, détective, policier, et tout imbriquer. Le film Reporters de Depardon m’a révélé leur métier. J’ai commencé ensuite à monter seul mon réseau d’informateurs dans les hôtels, parallèlement à l’école de photo que je faisais. Avant de partir à l’armée, je suis allé voir Daniel Angeli puis, à mon retour, j’ai rencontré Bruno Mouron et Pascal Rostain qui m’ont mis immédiatement sur de bons sujets. La planque, la filature, ça s’apprend sur le terrain, pas dans une école.
Travaille-t-on différemment sur des hommes ou des femmes politiques, que sur des têtes couronnées ou des stars ?
On travaille de la même manière, sauf que, comme dans le cas des têtes couronnées, les contraintes de sécurité sont importantes. Normalement, un politique est étroitement surveillé, sauf dans le cas de François Hollande… Mais, quand on est dans le champ politique, on est dans toute autre chose : les conséquences sont différentes, la photographie peut déstabiliser l’Élysée, influencer une prise de décision. On l’a vu avec Sarkozy le soir où il a célébré sa victoire au Fouquet’s, ou lorsqu’il s’est embarqué sur le bateau de Bolloré. Quand j’ai photographié Mitterrand avec sa fille, un premier verrou s’est cassé ; avec Hollande et Julie Gayet, on a détruit le deuxième ; il n’y aura plus de retour en arrière.
Avec le politique, ne risquez-vous pas d’être manipulé ?
En politique, non. L’info sur Hollande est partie d’une rumeur, d’une info qui disait que le président était avec Julie Gayet. C’était une super-info, qui signifiait que le président n’était pas avec Valérie Trierweiler, et qu’il avait une maîtresse ; donc on nous mentait, on nous prenait pour des cons. Même si certains le savaient, j’avais peut-être la possibilité de dire à tout le monde ce qui se passait. Nous disons toujours la vérité ; remarquez que la presse people est toujours attaquée pour le droit à l’image, atteinte à la vie privée, jamais en diffamation !
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Le style paparazzi naît des contraintes techniques de notre métier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : Le style paparazzi naît des contraintes techniques de notre métier