En marge de l’Automne asiatique, devenu en quatre ans le rendez-vous des amateurs des arts d’Asie, se déroulera cette année, dans le jardin des Tuileries, la première Biennale des arts asiatiques. Celle-ci réunit, du 21 au 25 septembre, une vingtaine des plus grands marchands du domaine, et promet la présentation de trésors inédits des arts orientaux.
Délibérément proche temporellement et géographiquement de la XXIe Biennale des antiquaires, la première Biennale des arts asiatiques est organisée dans le Carré des sangliers, au jardin des Tuileries. Ce voisinage permettra sans doute aux exposants d’attirer la prestigieuse clientèle du Carrousel du Louvre, et impose un haut niveau de qualité à la toute jeune manifestation. Cette première biennale peut d’ailleurs presque être considérée comme un complément très spécialisé du plus renommé des salons parisiens. Organisé par l’Association des spécialistes des arts asiatiques (ASAA), créée en janvier 2001, le nouveau salon dédié aux arts d’Asie devrait se dérouler en alternance avec l’Automne asiatique à Paris, selon un rythme biennal pour chacune des manifestations. Les trois principaux membres du bureau de l’ASAA, Antoine Lebel, Jacques Barrère et Christian Deydier, comptent parmi les plus réputés des marchands de la capitale, et annoncent leur ambition de faire de la Biennale des arts asiatiques un salon à la hauteur de leurs exigences de qualité. La biennale ne comptera pour sa première édition que 23 stands, les exposants, européens et américains, ayant été désignés par un comité issu de l’ASAA. Une commission d’admission des objets a sélectionné les œuvres présentées, tandis qu’Alliance science art, le laboratoire de recherches appliquées de Francine Maurer, présentera aux visiteurs les différentes méthodes permettant l’authentification et la datation des objets d’art et d’archéologie. Au cœur de ce premier salon, sera exposée une collection privée de fibules des “Royaumes combattants” (V-IIIe siècle av. J.-C.), pour la plupart en bronze. Cet ensemble d’une grande rareté sera accompagné d’un texte de Gilles Béguin, directeur du Musée Cernuschi.
Plusieurs antiquaires étrangers ont été invités à participer à cette première Biennale des arts asiatiques. Parmi eux, Robert Hall, marchand spécialiste des flacons à tabac de la période Qing (1644-1911), présentera une sélection de pièces illustrant la grande diversité des techniques et des matériaux employés à la confection de ces objets très particuliers. Bertrand de Lavergne, du Louvre des Antiquaires, proposera aussi, parmi les 120 pièces qu’il a retenues pour la biennale, une quarantaine de tabatières chinoises de l’époque Qing.
La galerie Luohan est quant à elle spécialisée dans le mobilier ancien et l’art de vivre des lettrés chinois à son âge d’or, soit à la fin des Ming (1368-1644) et au début des Qing. Elle exposera un ensemble de mobilier classique, comprenant une table en zitan (XVIIIe siècle), une coiffeuse sculptée à jour de dragons en bois de huanghuali (XVIIIe siècle) et une table à vin en bois de huanghuali Ming du XVIIe siècle, ainsi que plusieurs objets de lettrés : différents outils de calligraphie, des pierres et une sélection de peintures. Christian Deydier, directeur de la société Oriental bronze LTD et nouveau président du Syndicat national des antiquaires, proposera un ensemble d’objets qui permettra une appréhension chronologique de l’art chinois, depuis le Néolithique jusqu’à la dynastie Qing. Au nombre des pièces majeures, il faudra compter un vase en forme d’oiseau en terre cuite avec incrustation de coquillages de la culture Qijia (2200-1900 av. J.-C.), un ensemble de plats et de vases en terre cuite émaillée de la dynastie des Tang (618-907), des pièces Song (960-1279), des objets de lettrés d’époque Ming et des porcelaines impériales marquées de la dynastie des Ming et des Qing. Jacques Barrère présentera un ensemble de sculptures bouddhiques de 25 pièces allant de la dynastie des Wei (Ve siècle) jusqu’au début de l’époque Ming. Parmi les plus belles de ces sculptures sacrées, se trouvent un petit bodhisattva en pierre noire provenant des grottes de Longmen, une tête de luohan (moine bouddhique) en grès beige avec traces de polychromie de la fin de la dynastie des Tang et un bodhisattva en bronze de la dynastie Song. La Compagnie de la Chine et des Indes comptera parmi sa sélection quelques pièces de mobilier Ming en bois de huanghuali, une très rare paire de lanternes en bronze doré d’époque Qianlong (1736-1795) provenant des ateliers impériaux, et une peinture sur coton sino-tibétaine du XVIIIe siècle, probablement issue d’un temple du Yunnan. La galerie d’Antoine Lebel, président de l’ASAA, spécialisée en porcelaine de la Compagnie des Indes, présentera une centaine de pièces témoignant de la rencontre de l’Orient et de l’Occident à partir du XVIIe siècle. Enfin, parmi les spécialités les plus étonnantes, la galerie Manuel Castilho de Lisbonne exposera quelques très beaux exemples d’art indo-portugais, sino-portugais et namban. Dans le très bel ensemble de sculptures religieuses indo-portugaises en bois polychrome de Goa, datant du XVIIe siècle, est notamment présentée une Vierge assise sur un rocher, d’après un modèle européen. La galerie Captier proposera également des pièces surprenantes : des poupées rituelles japonaises. Mesurant un mètre de hauteur et portant un costume de shogun constitué d’une dizaine de kimonos superposés en soie brodée, ces poupées étaient fabriquées à l’occasion des “fêtes des filles” et “des garçons”.
Organisée en parallèle au grand salon du Syndicat national des antiquaires, cette première Biennale des arts asiatiques pourrait bien être un événement unique. Le SNA formule depuis quelques mois un projet de salon qui aurait lieu en alternance avec la Biennale des antiquaires et dans lequel les arts d’Extrême-Orient devraient trouver une place (lire le JdA n° 153, 30 août 2002). C’est probablement dans ce cadre qu’aura lieu le prochain grand évènement parisien autour des arts asiatiques.
- BIENNALE DES ARTS ASIATIQUES, du 21 au 25 septembre 2002 (vernissage le 20 septembre), jardin des Tuileries – Carré des sangliers, 75001 Paris, tél. 06 86 99 46 74 ; week-end de 11h à 20h, lundi 12h-20h, mardi 12h-23h, mercredi 12h-19h.
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Le rendez-vous des arts asiatiques aux Tuileries
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°154 du 13 septembre 2002, avec le titre suivant : Le rendez-vous des arts asiatiques aux Tuileries