Pour la deuxième année consécutive, le quartier de Saint-Germain-des-Prés s’ouvre aux arts extra-européens. Le Kaos-Parcours des mondes réunit du 11 au 14 septembre quarante des plus importants marchands internationaux spécialistes des arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, soit deux fois plus de participants que l’an dernier.
Forts du succès rencontré par la première édition du Parcours des mondes, en septembre 2002, les organisateurs ont choisi d’étoffer cette “foire de plein air”. Largement inspirée du concept bruxellois de Bruneaf (Brussels non European Art Fair), le parcours relie pour quelques jours plusieurs marchands dans un périmètre circonscrit entre la rue Guénégaud et la rue des Beaux-Arts. À Saint-Germain-des-Prés, quartier historique du marché des arts premiers à Paris, plusieurs marchands ont pignon sur rue tandis que d’autres exposants sont accueillis momentanément dans des galeries d’art contemporain. “L’an dernier, nous avons monté cet événement très rapidement, explique Muriel Marasti, la commissaire de l’événement. La plupart des marchands que nous avions contactés étaient très enthousiastes, mais plusieurs n’avaient pas pu venir par manque de temps. Avec quarante participants en 2003, nous doublons l’effectif, et je constate avec plaisir que, dans l’ensemble, les premiers adhérents ont renouvelé leurs participations.”
La conjoncture est peut-être meilleure cette année pour le Parcours, qui a souffert en 2002 de la concurrence de deux salons spécialisés, l’un consacré aux arts asiatiques, l’autre aux arts premiers. “Nous n’avions pas collaboré à la première édition à cause du salon d’art tribal organisé en même temps à l’hôtel Dassault, rappellent Roland et Edith Flak. Nous sommes ravis de pouvoir recevoir les visiteurs dans notre galerie, c’est bien plus agréable que sur un stand !” La Galerie Flak inaugurera avec le Parcours des mondes son exposition “Pirogues océaniennes”, composée d’une vingtaine de maquettes de pirogues réalisées à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Ces modèles réduits, construits à des fins rituelles et éducatives, procèdent du même savoir-faire que les véritables embarcations et mesurent entre 50 et 150 cm.
Des pièces à l’esthétique forte
Bénéficiant sans doute du public de la Biennale des antiquaires, le premier Parcours avait été très visité. “J’ai trouvé qu’il y avait eu un vrai succès pour la première édition, à laquelle je croyais modérément, confie Alain de Monbrison. Grâce à la situation de ma galerie rue des Beaux-Arts, j’ai bénéficié de ce succès sans faire partie de l’événement. Participer m’a semblé plus juste et c’est pourquoi cette année j’ai accepté.” De même que trois autres marchands, la galerie de Monbrison expose à la fois sur le Parcours et au nouveau Salon du collectionneur du Syndicat national des antiquaires (SNA). “Nous avons participé au premier Kaos, et c’est une manifestation à laquelle il faut s’attacher sur la durée, estime Antoine Barrère, de la galerie Jacques Barrère. Nous sommes par ailleurs engagés vis-à-vis du SNA. Traditionnellement, notre grande exposition a lieu en septembre ; nous en présenterons donc une partie de chaque côté. Les pièces à l’esthétique forte, qui sont plus facilement appréciées par les amateurs d’arts premiers, seront présentées sur le Parcours tandis que les œuvres plus classiques seront exposées au Salon du collectionneur.” Consacrée à la sculpture asiatique, sa présentation prévue pour Kaos comprendra des pièces telles qu’une tête de bodhisattva en stuc polychrome originaire d’Asie centrale du VIe siècle, une tête de guerrier en stuc blanc réalisée au IIe siècle au Gandhara (1), ainsi qu’une effigie de Tara en pierre volcanique provenant de Java et déjà exposée dans plusieurs musées américains. Les arts asiatiques restent le domaine le moins évoqué sur le parcours. Seuls trois marchands présentent cette spécialité, parmi lesquels l’Italien Renzo Freschi (Milan) – accueilli par la Galerie Visconti –, qui montrera une sélection de sculptures d’Inde et du Gandhara ainsi que des peintures tibétaines.
Plusieurs résidents du quartier ont conçu pour l’occasion des accrochages originaux. La galerie Maine Durieu montrera des objets Baoulé, un choix de pièces originaires du Burkina-Faso ainsi qu’un ensemble sur l’art du métal. Johann Levy inaugurera une exposition thématique, “Pomdo et Nomoli”, dédiée aux sculptures en pierre de Guinée, de Sierra Leone et du Liberia. Le marchand a réuni trente-cinq de ces œuvres méconnues, ainsi que deux très rares objets en bois. La galerie Le Toit du monde proposera une exposition consacrée aux objets rituels des chamanes népalais accompagnés d’une quinzaine de photographies de Renzo Freschi sur le même sujet.
Les galeristes étrangers marquent leur enthousiasme devant cette possibilité nouvelle d’exposer à Paris et estiment que la manifestation est appelée à prendre de l’ampleur. Le Londonien Jean-Baptiste Bacquart, accueilli par la galerie Olivier Nouvellet, présentera une collection de peintures contemporaines aborigènes, un deble Sénoufo ainsi qu’une statue Baoulé masculine assise ayant appartenu au designer danois Jacobsen. La galerie suisse Patrik Fröhlich (Zurich) dévoilera dans les locaux de la galerie GNG une exposition de sculptures océaniennes et africaines dont le clou est une œuvre Dogon du Maître d’Ogol. La Tamabaran Gallery de New York apportera chez Darga & Lansberg plusieurs importantes pièces Dogon, ainsi que des œuvres de Nouvelle-Zélande et de Nouvelle-Guinée. Entre autres célèbres provenances, les Madrilènes Arte y Ritual présenteront à la galerie Goinard plusieurs pièces issues d’un ensemble privé hollandais, la collection Hof.
Deux nouveautés viendront compléter cette deuxième édition du Parcours des mondes : une exposition de quarante photographies issues du portfolio africain de Walker Evans, qui sera présentée à la Grande Masse des Beaux-Arts ; c’est par ailleurs au même endroit que se tiendra les 12, 13 et 14 septembre un cycle de conférences sur les arts premiers.
Du 11 au 14 septembre, 11h-19h (nocturne le 12 septembre jusqu’à 21 heures), rues des Beaux-Arts, de Seine, Guénégaud, Mazarine, Visconti, Jacques-Callot, quai des Grands-Augustins. Point d’information : Grande Masse des Beaux-Arts, 1 rue Jacques-Callot, 75006 Paris, tél. 01 42 77 58 94. À l’occasion de la manifestation paraîtra le numéro 3 de la revue Kaos – Parcours des mondes.
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Le quartier des arts premiers
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°175 du 29 août 2003, avec le titre suivant : Le quartier des arts premiers