PALERME / ITALIE
Les deux pays annoncent plusieurs projets ambitieux dans le cadre du traité d’Aix-la-Chapelle signé en 2019, dont des centres culturels conjoints.
Palerme. Conçu pour « approfondir la coopération » entre la France et l’Allemagne, le traité d’Aix-la-Chapelle prévoit quinze projets prioritaires, dont plusieurs concernent la culture et l’éducation. Le principal projet est la création en 2021 de quatre « instituts culturels conjoints » à Rio de Janeiro (Brésil), Erbil (Irak), Palerme (Italie) et Bichkek (Kirghizistan). Sous le nom de KulturEnsemble, ces instituts doivent concrétiser une politique culturelle commune. C’est à Palerme que le premier de ces instituts a ouvert le 14 juin, avec comme programme inaugural une résidence d’artistes pour la Française Juliette Minchin et l’Allemand Caner Teker. Selon Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires européennes, « c’est un message européen très fort que lancent trois pays fondateurs de l’Europe politique ». L’institut situé dans un quartier en pleine rénovation bénéficie du soutien de deux figures du monde muséal français et allemand : Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, et Andrea Lissoni, directeur artistique de la Haus der Kunst (Munich) ont en effet construit la programmation conjointement avec l’Institut français et le Gœthe Institut de Palerme.
Outre des instituts conjoints, le traité prévoit également des instituts « colocalisés » , un terme qui signifie qu’un même site accueillera deux instituts, mais sans gouvernance commune. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères rappelle d’ailleurs qu’il existait déjà des instituts culturels de ce genre à Ramallah et Bagdad depuis plusieurs années, et annonce la création d’autres instituts à Glasgow (Écosse), Atlanta (États-Unis) et Minsk (Biélorussie). Ces instituts participent plus largement d’une « intégration » des politiques culturelles et éducatives françaises et allemandes, puisque le traité prévoit un renforcement des échanges universitaires transfrontaliers, une accélération des enseignements de l’allemand et du français, et la création d’une plateforme numérique de contenus audiovisuels. La chaîne franco-allemande Arte fait évidemment partie des acteurs majeurs de ce projet en tant que pionnière de la coopération culturelle entre les deux pays.
Si la dimension européenne est bien présente dans le traité, les projets envisagés débordent des frontières européennes. Car France et Allemagne cherchent à mettre en commun leur poids politique sur la scène internationale, notamment dans les institutions comme l’Onu et l’Otan. Mais c’est principalement en Afrique que les deux pays comptent peser, grâce à des programmes communs de coopération, sur la base d’un « solide partenariat Union européenne-Afrique » , selon les termes du traité.
Parmi les nouveaux projets envisagés à partir de 2021 figurent la création d’une zone de libre-échange sur le continent, une présence commune plus forte en Afrique de l’Ouest, et divers programmes dans le domaine du numérique. L’Allemagne est en effet déjà bien présente en Afrique à travers les Instituts Gœthe et les programmes de la GZI, principale agence publique de coopération internationale. Le traité doit donc permettre aux deux pays d’unir leur diplomatie face aux autres acteurs européens et internationaux, alors même que l’Union européenne sort affaiblie de la crise du Brexit.
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Le premier institut culturel franco-allemand ouvre à Palerme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°570 du 25 juin 2021, avec le titre suivant : Le premier institut culturel franco-allemand ouvre à Palerme