AIX-LA-CHAPELLE
L’établissement de centres binationaux annoncé dans le cadre du Traité d’Aix-la-Chapelle signé en janvier dernier a nécessité une préparation délicate.
Aix-la-Chapelle. Lorsque le Conseil des ministres franco-allemands du 13 juillet 2017 a demandé aux dirigeants de l’Institut Français et de l’Institut Goethe de planifier la création d’instituts culturels franco-allemands, les responsables politiques ont tracé une voie qui s’est révélée être semée d’embûches pour les équipes en charge de ce dossier. Marier des centres dépendants du ministère français des Affaires étrangères, et donc hautement diplomatiques, à des antennes appartenant à une institution indépendante bavaroise ne coulait pas de source.
« Nous avons dû organiser de très nombreuses rencontres avec les Allemands pour apprendre à mieux nous connaître », reconnaît Laurence Auer, la directrice de la culture, de l’enseignement, de la recherche et du réseau au Quai d’Orsay. Une fois les présentations faites, les dirigeants des deux instituts ont dû convaincre les directeurs de leurs centres à l’étranger du bien-fondé de leur projet.
« Nous sommes notamment allés en novembre 2017 à Dakar avec des cadres de l’Institut Goethe pour rencontrer 54 directeurs d’Instituts français et leur demander qui serait intéressé par une éventuelle union avec un centre allemand », révèle Laurence Auer. Une petite vingtaine de villes potentielles a été sélectionnée dans un premier temps. « Nous avons ensuite retenu entre dix et quinze institutions avec lesquelles nous avons engagé des discussions pour savoir si un rapprochement était envisageable », explique Johannes Ebert, le secrétaire général des Instituts Goethe. Car il y a parfois loin de la coupe aux lèvres…
« Il existe tout d’abord des problèmes matériels qui peuvent représenter des freins qui nous empêchent d’avancer,énumère l’ancienne ambassadrice de France en Macédoine. Notre Institut à Oulan-Bator en Mongolie ne pouvait pas déménager, car son bail l’aurait contraint à payer de fortes pénalités. À Maputo, notre centre fonctionne très bien, mais il est géré en coopération avec les Mozambicains et l’arrivée des Allemands aurait posé des problèmes juridiques. Nous avons aussi écarté tous les sites dans lesquels un pays était trop dominant par rapport à l’autre, car il n’est pas question qu’un des deux partenaires tire la couverture à lui. Cela a notamment été le cas pour Dakar au Sénégal. »
Le potentiel de développement de ces instituts franco-allemands est pourtant bien réel. « Au début, nous pensions ouvrir ces centres intégrés principalement dans les zones de crise, mais nous avons rapidement réalisé que ce concept intéressait le monde entier », raconte Laurence Auer. Les quatre premières villes retenues confirment ce constat, puisqu’elles se trouvent en Asie centrale (Bichkek au Kirghizistan), en Europe méridionale (Palerme), en Amérique du Sud (Rio de Janeiro) et au Proche-Orient (Erbil en Iraq). Le choix de Rio a été un des plus simples à effectuer, car la France dispose d’un très beau bâtiment, la Casa Francia, qui peut facilement accueillir les Allemands. Les deux partenaires ont, aussi, rapidement accepté de s’allier à Erbil, car la capitale du Kurdistan irakien a « une importance à la fois culturelle et politique », résume Johannes Ebert. La décision de fonder des centres culturels binationaux est née, il faut le rappeler, sous l’impulsion des gouvernements français et allemands. Le choix des villes n’est donc pas innocent…
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Les coulisses de la création des centres culturels franco-allemands
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°516 du 1 février 2019, avec le titre suivant : Les coulisses de la crÉation des centres culturels franco-allemands