Grâce à la générosité du collectionneur Roger Cabal, le Musée du Petit Palais, à Paris, vient de recevoir un important legs de 76 icônes, assorti de l’achat de trois d’entre elles. L’institution parisienne est désormais à la tête de la plus grande collection publique française dans ce domaine.
PARIS - Longtemps, les icônes n’ont guère intéressé les collectionneurs occidentaux, ce qui explique leur rareté dans les collections publiques françaises. Aussi le legs de 76 icônes par Roger Cabal au Petit Palais, à Paris, revêt-il une importance particulière. Avant sa mort en janvier dernier, le collectionneur, qui connaissait bien le conservateur Gilles Chazal, avait envisagé d’offrir ses œuvres au musée. Une procédure de donation, accompagnée d’un achat, avait même été engagée et était sur le point d’aboutir au moment de son décès. N’ayant pas inscrit cette disposition dans un testament, seule la bonne volonté de ses sœurs a permis que les icônes rejoignent l’institution parisienne. Le legs, assorti de l’achat de trois icônes pour quelque 3 millions de francs afin de permettre le paiement des droits de succession, a été entériné par le Conseil de Paris le 8 juin. Datées pour la plupart du XVe au XVIIIe siècle, les 76 icônes sont issues pour moitié du monde grec, comprenant aussi la Bulgarie et la Macédoine, et pour l’autre de Russie avec des œuvres des écoles de Novgorod et de Moscou. S’y ajoutent quatre broderies religieuses grecques et un tissu russe.
Cette collection exceptionnelle est le fruit d’une “longue passion”, plus sensible aux qualités esthétiques qu’au sentiment religieux, explique Gilles Chazal, qui se souvient que Roger Cabal portait sur les icônes “le regard d’un amateur de peinture”. Le juriste avait commencé à collectionner il y a une quarantaine d’années, à “une époque où les icônes n’intéressaient qu’un cercle restreint d’amateurs”, poursuit-il. La plupart des œuvres ont été acquises en France, notamment auprès des nombreux émigrés russes de Paris et grecs du Midi. Mais c’est en vente publique que Roger Cabal avait déniché la plus ancienne pièce figurant dans ce legs, une icône copte du VIIIe siècle cachée sous la mention “planche de bois portant des traces de peinture”.
Une présentation partielle de l’ensemble, déjà montré au Pavillon des Arts à Paris en 1995, et au Mexique l’an dernier, est prévue à l’automne. Et, après la rénovation du Petit Palais annoncée pour 2001, une salle Roger Cabal sera ouverte, dans laquelle les icônes seront rejointes par les ivoires byzantins du musée.
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Le Petit Palais devient un grand musée de l’icône
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : Le Petit Palais devient un grand musée de l’icône