Le peintre Patrick Saytour (1935-2023)

Cette fois, il s’est lui-même définitivement détourné puisqu’il est décédé le 15 août, à l’âge de 87 ans, à la suite d’une chute chez lui, à Aubais. Il s’était installé dans ce village du Gard depuis 1968 à l’invitation de Claude Viallat, son plus ancien compagnon de route et ami avec lequel il avait créé en 1969 (avec également Daniel Dezeuze, Vincent Bioulès…) le groupe Supports-Surfaces.

Né à Nice en 1935, Saytour avait fait ses études à l’École nationale des arts décoratifs avant de venir à Paris à l’École Camondo. C’est sans doute cette formation, complétée par un goût pour le théâtre qui, dès le départ, va le pousser à remettre en cause la peinture et prendre une position décalée, marginale, et ce, même au sein de Supports-Surfaces. De ses premiers travaux jusqu’aux plus récents, qu’on a pu voir à plusieurs reprises chez Ceysson & Bénétière sa galerie historique, ou encore à la galerie Valentin en 2014, son œuvre est ainsi animé et dominé par les notions de chemins de traverse et de faux plis, pour froisser et déconstruire la peinture. Il a ainsi toujours tricoté les supports et perverti les surfaces, utilisant aussi bien des tissus de marché que des tapis, des bouts de linoléum, des jeans… et en pratiquant la ligature, la torsion, le pliage, le marquage. Le tout avec beaucoup de distance, d’humour et d’ironie. « L’ironie lui faisait voir le monde de haut avec une vision comparable à celle du poète Jules Laforgue », dit de lui Bernard Ceysson, qui le considère « comme l’un des grands artistes de cette génération ».