PARIS
Le 29 août se réunissait au siège de l’Unesco, à Paris, un cercle d’experts des musées et du patrimoine mondial afin d'établir un premier constat des dégâts provoqués par la guerre civile en Syrie. Les grandes lignes d’un plan de sauvegarde ont été dévoilées pour former le personnel sur le terrain et lutter contre le trafic issu des fouilles illégales.
PARIS - À l’heure où le président Barak Obama a choisi de consulter le Congrès américain avant de s’engager dans une éventuelle intervention militaire en Syrie, laissant bien seule la France, l’Unesco en la personne d’Irina Bokova, sa directrice générale, pousse un cri d’alarme. Le 29 août, une réunion d’experts s’est tenue au siège de l’institution à Paris, en présence de l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi. L’objectif était de dresser un premier bilan des dégâts subis par le riche patrimoine du pays, et de proposer un plan d’action pour éviter des pertes supplémentaires. « Il ne s’agit pas de faire un choix entre résoudre la crise humanitaire et protéger le patrimoine. […] La protection du patrimoine est indissociable de la protection des populations, car le patrimoine véhicule les valeurs et les identités d’un peuple », clame Irina Bokova. Le spectre des pillages des sites et des musées irakiens, égyptiens, libyens et maliens n’est pas loin.
50 sites dévastés
Depuis un premier appel le 30 mars 2012, l’Unesco fait part de son inquiétude croissante pour le sort d’un patrimoine victime de bombardements, de pillages, de fouilles illicites et de trafic. L’incendie qui a ravagé, il y a un an, le souk médiéval d’Alep, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, est l’une des nombreuses victimes provoquées par le conflit civil déclenché en mars 2011. En juin dernier, l’Unesco ajoutait six sites sur sa Liste du patrimoine mondial en péril : les anciennes villes d’Alep, de Bosra et de Damas, le château du Krak des Chevaliers et Qal’at Salah El-Din, Palmyre et les villages antiques du nord de la Syrie. À Paris, Maamoun Abdulkarim, directeur général des Antiquités et des Musées syriens et personnalité indépendante, a dressé un portrait très précis des dégâts dans le pays qui compte 40 musées et 10 000 sites culturels. Une cinquantaine de sites et une douzaine de centres historiques ont été touchés – à Alep et Idleb (nord), Apamée, Deir Ezzor (centre), Raqqa (est) et Deraa (sud). Il ajoute que les « musées d’Alep, de Deir Ezzor, de Hama, de Homs et de Maarat el Naaman ont été pris pour cible durant des combats ». Si les collections muséales sont numérisées et mises à l’abri, le produit des fouilles illicites est mis sur le marché. Les objets vendus diffusés par des bandes organisées ne sont donc plus identifiables. Plusieurs milliers de pièces auraient cependant déjà été récupérées à Beyrouth, au Liban.
Endiguer le trafic
Parmi les mesures clefs du plan d’action de l’Unesco, la formation de professionnels du patrimoine syriens sur le terrain est une priorité. La protection des biens culturels et des collections nécessite le maintien d’un réseau d’agents capables de réagir face aux différentes menaces. Tandis que se poursuit la numérisation des archives des sites archéologiques, l’institution a fourni une première liste élargie des dégâts aux services des douanes et aux marchands d’art. Une carte géographique du patrimoine syrien en danger est en préparation avec l’aide du site Google Earth. De son côté, le Conseil international des musées doit créer sa propre liste rouge d’urgence des biens culturels syriens en danger. Les départements juridiques des grandes maisons de ventes aux enchères sont sur le qui-vive et sont tenus de collaborer en toute transparence. Enfin, l’Unesco compte sur la mobilisation de la population, déjà très impliquée.
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Le patrimoine syrien sous les bombes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°396 du 6 septembre 2013, avec le titre suivant : Le patrimoine syrien sous les bombes