Gilles Barbier, plasticien, Damien Leclere, commissaire-priseur, Matali Crasset, architecte et designer, Laurent Le Bon, directeur du Centre Pompidou-Metz, Patrick de Grandmaison, consultant en mise en valeur du patrimoine, Fabrice Hergott, directeur du musée d’art moderne de la ville de Paris, Sylvie Ramond, directrice du Musée des beaux-arts de Lyon, Marianne Lanavère, directrice du centre d’art La galerie, Vincent Lamouroux, artiste, Dominique Marrec, architecte.
Le parcours de… Gilles Barbier, plasticien.
Avec une triple formation en sciences, histoire de l’art puis beaux-arts, on peut dire que Gilles Barbier est un artiste « complet » ! Pourtant, « avec le recul, ce qui me semble avoir été le plus riche reste tout ce qui ouvrait sur l’extérieur… Ces moments où la vie et l’apprentissage se mêlent, où des rapports conviviaux et actifs se nouent avec le savoir. »
La fameuse expérience empirique reste donc décisive. « J’aurais pu éviter mon séjour à l’université, qui demeure le passage le plus terne de mon existence », écrit-il sans ambages, tout aussi suspicieux à l’encontre de l’enseignement en école d’art : « La grande majorité des écoles en France ont-elles encore pour objectif de former de futurs artistes ? Je n’en suis pas sûr et j’ai parfois le sentiment d’une tricherie. »
Le parcours de… Damien Leclere, commissaire-priseur.
Depuis 2006, Damien Leclere anime sa propre maison de ventes à Marseille, après sept années passées dans différentes études. Formé à l’université d’Aix-en-Provence, il a suivi la formation en histoire de l’art et droit requise pour passer l’examen d’aptitude. « L’université permet de se spécialiser et, en même temps, de garder une ouverture sur des champs disciplinaires très différents », explique Damien Leclere. Quant au droit, « il apporte une rigueur intellectuelle ». Comme tous les commissaires-priseurs stagiaires, il a également suivi une courte formation au sein de l’École du Louvre, à Paris. Mais à ses yeux, la formation est ailleurs : « Nous exerçons un métier très concret, dont l’apprentissage s’effectue au contact des objets. Et cela ne s’apprend pas dans les livres. »
Le parcours de… Matali Crasset, architecte et designer.
Après un autre cursus, Matali Crasset a eu un coup de foudre pour les ateliers de l’ENSCI (École nationale supérieure création industrielle) : « Cela s’est imposé à moi, presque par hasard, avec fulgurance. » Après une première tentative au concours d’entrée, la seconde fut la bonne. « Cette école, je l’ai vécue comme un accélérateur incroyable », raconte-t-elle. Ouverts en continu, les ateliers mettaient parfaitement en condition les étudiants, les préparant à passer des nuits blanches sur des projets, leur demandant de se frotter à toutes les disciplines et doxas. « Évidemment cette école m’a nourrie ; elle a permis à des personnalités différentes d’émerger, hors d’un moule. »
Le parcours de… Laurent Le Bon, directeur du Centre Pompidou-Metz.
En matière de diplômes, le directeur du Centre-Pompidou Metz est un cumulard. Après un bac scientifique, c’est vers Sciences Po, « une école qui forme à s’exprimer et à écrire », qu’il s’oriente. « Le planning des cours me permettait de mener un double cursus, alors j’ai regardé un plan de Paris et j’ai constaté que le Louvre n’était pas loin. » Inscrit à l’École du Louvre, il suit également des cours d’histoire de l’art à l’Université de Nanterre, deux formations complémentaires à ses yeux. « Programmé pour faire l’ENA », il passe tout de même le premier concours de celle qu’on appelait alors l’École nationale du patrimoine et devient conservateur. Pour réussir dans ce milieu très fermé, Laurent Le Bon milite donc pour les doubles cursus, mais aussi pour les stages à mener « le plus tôt possible ».
Le parcours de… Patrick de Grandmaison, consultant en mise en valeur du patrimoine.
Après des débuts comme photographe puis une quinzaine d’années passées à travailler dans le commerce, Patrick de Grandmaison décide de donner un nouvel élan à sa vie professionnelle. Désireux de s’orienter dans le management de projets culturels, il s’inscrit au cycle professionnel de l’IESA (Institut d’études supérieures des arts) pour présenter un master. Sorti en 2008, il démarre une nouvelle carrière dans l’accompagnement culturel, auprès de collectivités ou d’associations. « L’IESA m’a permis d’obtenir les outils pour mener mes propres projets, explique l’intéressé, qui salue également l’importance du réseau de l’école. La réussite au sein de l’IESA repose aussi sur un échange, qui suppose un fort investissement personnel ».
Le parcours de… Fabrice Hergott, directeur du musée d’art moderne de la ville de Paris.
C’est à Strasbourg, ville où il a dirigé les musées pendant plus de six ans, que Fabrice Hergott a suivi ses études d’histoire de l’art. « Je voulais devenir égyptologue mais par manque de postes, je me suis tourné vers l’art contemporain », raconte-t-il. « L’université m’a donné une exigence intellectuelle, poursuit Fabrice Hergott, j’ai eu la chance d’avoir d’excellents professeurs. » Et de se souvenir de l’un de ses premiers cours, quand « Roland Recht, devant un amphithéâtre de 350 personnes, nous a dit que seuls deux ou trois d’entre nous trouveraient un métier en relation avec l’art ». Fabrice Hergott sera l’un d’eux, en devenant responsable d’expositions au Musée national d’art moderne… à 24 ans, avant de poursuivre une brillante carrière de conservateur.
Le parcours de… Sylvie Ramond, directrice du Musée des beaux-arts de Lyon.
Après des études d’histoire de l’art à l’université et à l’École du Louvre, Sylvie Ramond est reçue en 1986 au concours de recrutement des conservateurs du patrimoine. « Pour moi, l’INP, c’est tout d’abord un concours qui permettait d’envisager une carrière de conservateur sans accumuler les stages non rémunérés et sans devoir compter sur les "coups de pouce" dont tous les prétendants au métier ne pouvaient pas bénéficier… » Et de poursuivre : « Dans mon cas, la rencontre, pendant la scolarité, de quelques grandes personnalités – comme Dominique Bozo – a été essentielle ». À ses yeux, l’INP est aussi un lieu de solidarité mais aussi « un réseau vertical ». « J’accorde beaucoup d’importance, comme directeur, à l’accueil des jeunes stagiaires. Notre profession doit être unie pour affronter l’avenir des musées. »
Le parcours de… Marianne Lanavère, directrice du centre d’art La galerie.
Le parcours de la jeune directrice du centre d’art La Galerie, à Noisy-le-Sec, est impressionnant : École du Louvre, histoire de l’art à Paris IV, auditrice libre à l’ENSBA puis programme curatorial du Royal College of Art à Londres. Pourtant, c’est une rencontre qui fut déterminante : « C’est un stage avec Bernard Blistène et avec Christine Van Assche au Musée national d’art moderne qui m’a mis le pied à l’étrier en 1997. » Son expérience à l’étranger est précieuse pour prendre du recul sur l’enseignement français : « J’y ai découvert un enseignement transversal dans la lignée des critical studies et une autre façon de penser l’art davantage en lien avec l’histoire des idées et l’esthétique. L’enseignement chronologique et cloisonné de l’histoire de l’art en France ne permet pas d’aborder l’art dans toute sa complexité. »
Le parcours de… Vincent Lamouroux, artiste.
Après avoir suivi des cours d’histoire de l’art puis d’arts plastiques à l’université de Paris I, Vincent Lamouroux a intégré l’ENSBA (École nationale supérieure des beaux-arts) dont il est sorti diplômé en 2002. C’est au cours de sa quatrième année de formation qu’il a pu partir en échange à l’Otis College sur la côte Ouest américaine : « Les moyens techniques mis à disposition à Paris et à Los Angeles ne sont sans doute pas anodins dans ma pratique actuelle de la sculpture. » Il émet toutefois un bémol : « Le défaut commun est un véritable manque d’information concernant le métier d’artiste sous toutes ses coutures, dans ses aspects les plus triviaux, qui font pourtant le quotidien d’un artiste en activité », mais reste catégorique : « Je ne modifierais mon cursus pour rien au monde. Si j’avais emprunté une autre voie, je ne sais pas du tout ce que je produirais actuellement, c’est évident. »
Le parcours de… Dominique Marrec, architecte.
Diplômée de l’École spéciale d’architecture de Paris, Dominique Marrec forme, depuis 1988, un tandem fructueux avec Emmanuel Combarel, diplômé quant à lui de l’École d’architecture des beaux-arts de Paris (Paris Villemin, UP1). De ses études, elle se souvient être sortie plutôt « perplexe », « sans aucune certitude ». « Je ne suis pas sûre qu’une formation, quelle qu’elle soit, donne vraiment les outils pour démarrer une vie professionnelle », explique-t-elle. « À mon sens, les études ne sont réussies que lorsqu’elles permettent d’avoir un embryon de regard sur le monde dans lequel nous vivons. » Un regret ? « J’aurais toutefois aimé que l’école m’ouvre davantage à des sujets auxquels je suis aujourd’hui très sensible, comme la façon dont la ville se fabrique, comment ce processus s’inscrit dans le temps. »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°622 du 1 mars 2010, avec le titre suivant : Le parcours de…