Le Musée Lavazza, symbole du musée d’entreprise

Turin. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) et l’Icom (International Council of Museums) insistent régulièrement sur le rôle de moteur du développement économique et social que peuvent jouer les musées. Les musées d’entreprise sont tout aussi aptes à remplir cette fonction, comme le prouve le torréfacteur Lavazza. La modeste épicerie familiale qui a ouvert à Turin en 1895 est devenue une multinationale du café. Il lui fallait un quartier général digne de ce nouveau statut. Il s’appelle la Nuvola (voir ill.) et a été inauguré en 2018, après une décennie de travaux qui a permis de requalifier un quartier industriel à l’abandon de la capitale piémontaise.

Lavazza a investi 120 millions d’euros dans ce projet dont l’emblème est un bâtiment de 30 000m2, aux lignes futuristes dessinées par l’architecte Cino Zucchi. Il abrite ses bureaux, un restaurant-bistrot, mais surtout le musée de l’entreprise qui est situé en son centre et couvre un tiers de sa superficie. Lavazza a confié son aménagement à Ralph Appelbaum Associates, l’une des sociétés américaine de conception d’exposition de musée les plus anciennes et les plus importantes au monde. Alessandro Baricco, l’un des principaux écrivains contemporains italiens, s’est chargé de la supervision artistique.

Le récit qui a été proposé aux 50 000 visiteurs ayant franchi ses portes en un an raconte d’un siècle d’histoire de la plus prestigieuse famille de fabricants de café et, à travers la boisson nationale vendue dans le monde entier, d’histoire de l’Italie. « Les musées sont des cartes, les seules dont nous disposions pour remonter le labyrinthe du temps », affirme Alessandro Baricco. En entrant, le visiteur du Musée Lavazza est muni d’une tasse, objet iconique de la marque, qui lui permettra d’avoir accès aux différents éléments interactifs d’un parcours qui se développe dans cinq salles thématiques et s’achève par des dégustations de café fraîchement moulu. Les différentes installations technologiques égrènent des anecdotes sur l’épopée familiale, des chiffres sur le développement de l’entreprise, mais aussi des informations détaillées sur la culture du café et de sa production. Les différentes machines à expresso depuis la fin du XIXe siècle sont exposées, tout comme les célèbres publicités qui font partie de l’imaginaire collectif transalpin. La première épicerie familiale, un comptoir du début du XXe siècle ou encore une place italienne typique des années 1960 ont été reconstitués. Chaque étape de l’histoire de Lavazza se confond avec celle du pays ou lui donne un arôme particulier dans la mémoire de ses habitants. Plus de 8 500 objets, photographies, films publicitaires ou affiches composent ses archives historiques conservées dans l’enceinte du musée et facilement consultables.

Dire que Lavazza plonge profondément ses racines en Italie n’est pas qu’un simple élément de langage promotionnel. Au cours des travaux, le projet architectural de la Nuvola a dû être modifié à cause d’une découverte archéologique : des vestiges d’une basilique paléochrétienne du IVe-Ve siècle après J.-C. sur une surface d’environ 1 600 m2. Ils ont été mis au jour et le public peut aujourd’hui les observer à travers des baies vitrées. Lavazza entend également promouvoir l’art contemporain en dédiant une partie des espaces de la Nuvola à des expositions temporaires.