Commandé par Sotheby’s à l’institut Arts Economics, un rapport confirme la perte de vitesse du marché de l’art français sur le plan international. L’étude met également en évidence le rôle salutaire des maisons de ventes étrangères, grâce auxquelles le marché hexagonal a progressé de 28 % au cours des dix dernières années.
PARIS - La part de l’Hexagone sur l’échiquier international du marche de l’art ne cesse de s’effriter, le pays ayant perdu depuis 2007 sa troisième place sur le podium avec l’arrivée surprise de la Chine dans le peloton de tête.
Un constat que conforte un rapport sur le marché de l’art en France en 2010, commandé par Sotheby’s à l’institut Arts Economics. Les chiffres sont édifiants : notre pays ne détient que 6 % de part de marché sur le plan international ; il est distancé par les États-Unis (34 %), la Chine (23 %) et la Grande-Bretagne (22 %). Pire, alors que les Étas-Unis et la Grande-Bretagne ont connu un rebond significatif de leurs ventes publiques en 2010, avec des progressions respectivement de 66 % et 46 % par rapport à l’année 2009, la France a connu dans la même période un recul de 6 %. « Après l’embellie de 2009 due à la vente Pierre Bergé-Yves Saint Laurent , on revient à une tendance d’érosion progressive et lente du marché français », souligne Guillaume Cerutti, président de Sotheby’s France.
On l’aura compris, ce rapport sera utilisé dans les dialogues avec les pouvoirs publics concernant en particulier la question du droit de suite, dont le débat est relancé par une nouvelle consultation de la Commission européenne. Car si les freins au dynamisme du marché français ne sont guère détaillés dans le rapport, l’accent porté sur l’importance des ventes d’art moderne n’est pas anodin.
Ainsi, selon le document, ce secteur représente plus de 68 % du marché français en termes de valeur, et 55 % en termes de transaction. Néanmoins, dans le même temps, le rapport rappelle que le prix moyen des œuvres vendues en France est de 11 055 euros, alors que le droit de suite a réellement un impact seulement sur les pièces supérieures à 50 000 euros. « Les œuvres supérieures à 50 000 euros représentent 59 % de la valeur totale du marché du Fine Art en France. Et à partir de 50 000 euros, les gens se posent la question de vendre ici ou à l’étranger », insiste pourtant Guillaume Cerutti. Outre sa fonction d’outil de lobbying, le rapport a pour objectif de rappeler l’apport des maisons de ventes étrangères depuis l’ouverture du marché français. La démonstration commence confusément avec la mention des chiffres d’importation et d’exportation des œuvres d’art et d’antiquités, respectivement de 433 millions et 717 millions d’euros. Or ces données ne concernent pas les objets aiguillés vers l’étranger pour y être dispersés, ni ceux importés pour passer sous le marteau français. Elles correspondent aux œuvres achetées en France par des résidents étrangers et, inversement, à celles rapatriées par des acheteurs hexagonaux. Aussi l’assertion selon laquelle l’augmentation forte des importations entre 1999 et 2000 serait liée à l’ouverture du marché parisien est totalement infondée, ce d’autant plus que les premières ventes, dirigées par Christie’s, n’ont débuté qu’en 2001…
D’autres données sont en revanche éloquentes. Entre 2000 et 2010, sans les deux auctioneers, le marché français aurait chuté de 11 % en termes de valeur, alors qu’il a progressé de 28 % en intégrant les deux maisons. Sans les ventes de Christie’s et Sotheby’s, la part de la France en 2010 sur le plan international ne serait plus que de 4 % ! Par ailleurs, les compagnies étrangères ont introduit sur le marché parisien des œuvres de plus grande valeur. Ainsi le prix moyen des pièces cédées par Sotheby’s France était de 39 685 euros, soit plus du triple de la valeur moyenne sur le reste du marché français.
Afficher le rapport « The french market in 2010 » (PDF - 234 ko)
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Le marché français passé à la loupe
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Abonnez-vous dès 1 €Présentation d'une vente à Drouot Richelieu © Photo Ludosane
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°343 du 18 mars 2011, avec le titre suivant : Le marché français passé à la loupe