Deux acteurs reviennent sur la situation du marché telle qu’elle apparaît à quelques jours du baromètre constitué par les grandes ventes new-yorkaises du mois de mai.
Jane Kallir, St Etienne European Modern Art Gallery, New York
Nous assistons à l’effondrement de la Bourse, mais ce n’est pas inquiétant. Les bulles économiques sont plus angoissantes que les réajustements qui les suivent. Le marché de l’art a déjà connu une période comparable qui a nécessité des réajustements, tant l’écart était important entre le haut de gamme et le reste du marché. Dans les années 1980, tout a augmenté. Cette fois-ci, le marché de l’art s’est montré beaucoup plus sélectif. Il fonctionne un peu comme celui de l’immobilier. Il réagit plus lentement. Les gens fortunés seront toujours fortunés, mais il faut compter avec le facteur psychologique. Même s’ils ont perdu de l’argent sur le papier uniquement, ils ne se sentent plus aussi riches. Je pense que le marché de l’art le plus contemporain risque de souffrir, mais j’ai besoin de plus de temps pour comprendre vraiment ce qui se passe. En raison du dollar fort, la vente aux Européens est plus difficile. L’”Outsider art” est un domaine dans lequel nous réalisons de bons résultats. Les gens semblent penser que c’est un secteur intéressant pour investir. La crise pourrait être profitable au marché de moyenne gamme. Les gens veulent toujours acheter des œuvres d’art, mais plus de haut de gamme ; cela pourrait nuire à Damien Hirst par exemple.
Philippe Ségalot, directeur international du département d’art contemporain, Christie’s
Au cours des quatre ou cinq dernières années, nous avons connu un boom sans précédent, avec une incroyable flambée des prix, et il est évident que nous ne pourrons pas continuer à ce rythme. Par exemple, les prix de la photographie ont été multipliés par dix pendant cette période, et je ne pense pas que cela va durer. Nous ne verrons pas de changements radicaux, mais nous allons certainement vers un ralentissement, puis une stabilisation du marché. Je pense que les valeurs sûres sont à l’abri, mais les œuvres de moyenne gamme pourraient être touchées. Cependant, on ne peut pas encore affirmer qu’il y a des signes annonciateurs. Je ne pense pas que l’éclatement de la bulle économique des entreprises.com nous touchera puisque la plupart de nos acheteurs sont des Européens qui ne sont pas des entrepreneurs.com. Notre client type est quelqu’un qui collectionne des œuvres depuis vingt ans et qui a entre cinquante et soixante ans.
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Le marché enfin stabilisé ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°127 du 11 mai 2001, avec le titre suivant : Le marché enfin stabilisé ?