L’avenir du Grand Palais semble enfin se dessiner. Fermé en 1993 à la suite de la chute d’un rivet, ce bâtiment érigé lors de l’Exposition universelle de 1900 a fait les frais d’une négligence chronique et d’une utilisation plus que fantaisiste. Classé intégralement en 2000, l’édifice n’a vu ses premiers travaux engagés qu’en 2001. Le ministre de la Culture a quant à lui confirmé l’an dernier sa volonté d’articuler l’espace en deux pôles, public et privé, pour redonner au Grand Palais sa vocation initiale de lieu polyvalent destiné à l’accueil de manifestations temporaires, culturelles ou commerciales. L’appel à candidatures pour la concession de service public a été officiellement lancé le 30 juillet 2003. Les opérateurs intéressés ont jusqu’au 15 octobre pour se faire connaître. Suivra dans les six prochains mois l’appel d’offre permettant de mieux saisir les futurs contours de cette grande machinerie de 78 000 m2.
PARIS - Les inconnues auxquelles s’achoppaient les perspectives du Grand Palais semblent se résoudre progressivement. Entamés en 2001, les travaux de consolidation des fondations se sont achevés début 2003. La réparation des éléments de toiture et de la verrière, ainsi que la restauration des façades évoluent selon le calendrier prévisionnel pour une livraison en 2005. Le statut administratif du bâtiment semble aussi en voie de règlement. L’édifice appartient à l’État tandis que le sol relève de la Ville de Paris. Après des années de chicaneries juridiques, les deux parties se déclarent prêtes à débloquer le dossier. Depuis six mois, les négociations entre le ministère de la Culture et la Ville vont bon train. Deux hypothèses se dégageaient jusqu’à présent : l’éventualité d’un échange foncier et celle d’une reconduction du système actuel, moyennant une redevance versée à la Ville. Début août, le ministère a lancé un troisième ballon avec une offre d’achat du terrain s’élevant à 10,5 millions d’euros. La Ville ne s’est pas encore prononcée, mais d’après des proches du dossier une décision sera prise dès la rentrée.
L’autre point sombre relevait de l’éventuel transfert des Galeries nationales du Grand Palais au Palais de Tokyo, qui dispose de larges surfaces inexploitées. Que deviendrait la partie laissée vacante par les Galeries ?
En toute logique, elle aurait pu être confiée à un opérateur privé.
Le ministre de la Culture a récemment écarté cette hypothèse. S’il en avait été autrement, on lui aurait reproché une privatisation à outrance du Grand Palais. On ne lui aurait pas non plus pardonné d’étouffer le Site de création contemporaine en lui adjoignant une structure hétérogène. Par ailleurs, les Galeries nationales peuvent servir d’appui stratégique au moment de la réouverture du Grand Palais. La future rentabilisation du bâtiment passera sans doute par une synergie avec le programme des expositions.
Reste aujourd’hui à choisir l’opérateur en charge du remodelage et de la mise en valeur du pôle privé. Si l’État finance à hauteur de 130 millions d’euros la remise à niveau du bâtiment, le réaménagement intérieur, évalué entre 200 et 230 millions d’euros, et le coût d’entretien annuel, de 6 à 7 millions d’euros, nécessitent l’apport de capitaux privés. Le ministère de la Culture a donc lancé le 30 juillet un appel à candidatures pour la concession de travaux du Grand Palais. Le contrat de concession implique pour l’opérateur la mise en valeur du bâtiment dans sa logique et ses fonctions initiales (salons, manifestations…), la rationalisation des espaces, une répartition cohérente des différentes fonctions (expositions, salons, congrès…) et le développement des accès et espaces logistiques. Ce dernier point est fondamental, car le Grand Palais avait souvent été critiqué pour son manque de fonctionnalité et l’exiguïté de ses accès pour les transporteurs. L’opérateur (ou le groupement) doit donc avoir les reins suffisamment solides pour se lancer dans une aventure aussi coûteuse. Le montant de la redevance reversée à l’État devra aussi faire l’objet de savants calculs et surtout d’un délai de mise en place. Une telle dîme ne saurait raisonnablement être instaurée la première année de l’ouverture du bâtiment, prévue pour 2007. Le futur concessionnaire devra aussi compter avec le cahier des charges en cours d’élaboration au ministère. Plusieurs contraintes se dégagent d’ores et déjà, notamment un droit de regard sur les manifestations, à l’image de celui du Musée du Louvre sur le Carrousel. Peu de chances donc d’y voir un salon de l’érotisme, pas plus qu’un complexe de cinéma ou un casino. Le salon de l’aéronautique, initialement évoqué, trouvera sans doute une place plus appropriée à l’aéroport du Bourget. Il sera toutefois difficile de se contenter des seules opérations culturelles pour s’assurer un retour sur investissement. Le dosage entre congrès rémunérateurs et opérations à rayonnement culturel sera difficile à établir.
Plusieurs salons, notamment la Biennale des Antiquaires, trop à l’étroit au Carrousel du Louvre, et la FIAC souhaiteraient retrouver leurs anciens pénates. Cet écrin prestigieux serait une bonne amorce pour les galeries américaines, qui retrouveraient une motivation pour exposer à la FIAC. Toutefois, dans sa configuration actuelle, et surtout dans la perspective d’un agrandissement en 2004, la foire peut difficilement se nicher au Grand Palais. D’autant plus qu’il serait délicat de reprendre la topographie ancienne répartissant les galeries sur deux niveaux. On se rappelle de la grogne de celles reléguées aux balcons ! En 2007, la FIAC risque alors d’être bicéphale, partagée entre une antenne au Grand Palais et une autre à la porte de Versailles. Par ricochet, l’ouverture du Grand Palais modifiera indéniablement la physionomie de nombreux salons...
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Le Grand Palais face à son avenir
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°175 du 29 août 2003, avec le titre suivant : Le Grand Palais face à son avenir