Les objets d’art Haute Époque et de la Renaissance constituent l’un des points forts de la manifestation. Une forte concentration de marchands spécialisés dans ces domaines privilégient la qualité.
A la foire Tefaf de Maastricht, les œuvres de collection du haut Moyen Âge jusqu’à l’art de la Renaissance occupent une position de choix, une place même inégalée. Près d’une trentaine de stands proposent en effet une large sélection de sculptures médiévales, meubles Haute Époque, manuscrits enluminés, tapisseries gothiques, émaux et ivoires, argenterie, coffrets, peintures à fond d’or, bronzes, majoliques…, et attirent institutions publiques et collectionneurs privés. La force de cette section réside dans une concentration exceptionnelle de professionnels de haut niveau pour un secteur relativement préservé des reliquats des ventes publiques.
« Toute l’histoire de l’art »
Gilles Bresset, de la galerie parisienne Bresset et fils, souligne pourtant un paradoxe : « Le marché est très fort à Paris parce qu’y sont installés un grand nombre de marchands de cette spécialité. Le problème est que notre clientèle est très dispersée en Europe. » Le point de ralliement des collectionneurs et conservateurs est donc la foire de Maastricht. Beaucoup d’amateurs d’Europe du Nord y affluent, mais pas seulement. « On y voit aussi des collectionneurs italiens et espagnols, surtout depuis deux ou trois ans », note encore l’antiquaire. Deux beaux exemples de la statuaire bourguignonne, à plus de 100 000 euros chacun, domineront sa présentation cette année : un apôtre en pierre du XIVe siècle provenant d’un important atelier auxerrois et une Sainte au livre du XVe siècle, également en pierre. Malgré son aversion pour « un lieu aussi laid », Philippe Carlier, directeur de la galerie parisienne Brimo de Laroussilhe, n’a finalement pas résisté à l’appel de Tefaf, à laquelle il participe pour la quatrième année. « Les contacts ne sont pas inintéressants. Mais les particuliers sont acheteurs dans une certaine limite de valeur. Et les musées sont exigeants. Ils ne se contentent pas de la beauté d’une vision artistique (sauf si la qualité artistique de l’objet est énorme). Ils veulent des pièces parfaitement localisées. » Il y présentera un double chapiteau en pierre aux griffons ailés (autour de 100 000 euros), qui, à défaut de provenance (certainement issu de Champagne d’après le style), présente un certain intérêt sculptural. Véritable petite peinture, son coffret italien attribué au Maître expressioniste de Santa Chiara, vers 1290-1330, en bois peint décoré de portraits en buste du Christ, de la Vierge, de saint Jean, des symboles des évangélistes, de sainte Claire et de l’abbesse donatrice de ce reliquaire, aura certainement un franc succès. Auréolé d’une provenance prestigieuse (la collection américaine Samuel H. Kress), il est à négocier à plus de 200 000 euros. L’antiquaire offrira parallèlement des objets plus abordables : deux crosses françaises du XIVe siècle en ivoire, des valves de miroirs du XIVe siècle, un rare plat hispano-mauresque du XVe siècle ou un ensemble de majoliques et de bronzes italiens de la Renaissance.
« Avec la Biennale de Paris, Maastricht est la meilleure foire au monde. De plus en plus de conservateurs de musées américains s’y rendent. Et il y a toujours une forte demande pour les pièces de qualité », confirme le marchand new-yorkais Anthony Blumka, qui partage son stand depuis quelques années avec son confrère allemand Julius Böhler. À côté d’un petit Ange d’Annonciation allemand en bronze doré du XVe siècle, il montrera Le Martyr de saint Paul et saint Pierre, une petite scène de grisaille en émail sur cuivre, attribuée au maître « MP », actif à Limoges au milieu du XVIe siècle (32 000 dollars, soit 26 800 euros). Il exposera aussi une très gracieuse (quoique plus tardive) Vierge immaculée en bois sculpté, attribuée à Balthasar Ferdinand Moll, qui a gardé sa dorure et sa polychromie d’origine (65 000 dollars). « Notre spécialité est d’autant plus mise en valeur à Maastricht que la foire a le mérite de représenter toute l’histoire de l’art sans interruption de temps », souligne de son côté le Madrilène Diego López de Aragón. Une paire de cabinets napolitains du XVIIe siècle en ébène, bronze, écaille de tortue, décorée de scènes de l’Ancien Testament, et un groupe de sculptures en bois peint et doré figurant les quatre évangélistes par l’artiste Felipe Birgany et son atelier (Burgos, vers 1505-1525) compteront parmi ses pièces phares. Deux rares miniatures hollandaises en grisailles (45 000 dollars la paire) et un important livre d’heures de la région de Metz (175 000 dollars) au nom des commanditaires, Jean III de Vy et Perrette Baudoche, seront les pièces maîtresses de la galerie Les Enluminures (Paris, Chicago). Enfin, la galerie allemande Neuse, le zurichois F. Payer ou les antiquaires parisiens Kugel présenteront aussi des objets de la Renaissance. Chez ces derniers, on découvrira notamment un grand plat circulaire de Deruta (vers 1525), aux armes du pape Clément VII en faïence italienne à reflets métalliques.
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L’autre fierté de Tefaf
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°232 du 3 mars 2006, avec le titre suivant : L’autre fierté de Tefaf