Laurent de Verneuil - La céramique à rebours

Plutôt que la voie bien balisée qui attend ce jeune homme de bonne famille, c’est l’histoire de l’art qu’il choisit. « On m’attendait partout, sauf là », ironise-t-il. Très vite, c’est vers la photographie qu’il se tourne, alors que le médium en crise cherche de nouvelles appellations pour ouvrir sa pratique au marché de l’art. Déjà méfiant à l’égard de la fabrique des catégories, il fait ses premières armes en agence, dans la presse et l’édition, et croise finalement la route de Patrick Favardin, maître en dandysme et historien attentif des années 1950. « Il m’a inoculé le virus de la céramique », reconnaît Laurent de Verneuil, qui rejoint sa galerie À Rebours.

« La France est en retard, regrette-t-il. On commence tout juste à sortir la céramique des arts déco et des « maîtres potiers » ». Discours militant dans une main et refus de l’enfermement dans l’autre, le jeune galeriste et commissaire d’exposition creuse et actualise son sujet, tout en lui cherchant une envergure au-delà du matériau. « La céramique contemporaine ne veut rien dire, martèle-t-il, ça n’est pas une fin en soi, ça n’est qu’un matériau. » Et si la galerie qu’il ouvre en 2008 avec Favardin reste associée aux qualités plastiques du médium, c’est pour mieux en contrarier la spécificité. Vient encore s’y ajouter le goût de la peinture en général et de la figuration en particulier. « Pour le marché français, encore deux mauvais points pour moi », sourit-il. On ne se refait pas.