À l’occasion du retour du Parlement à Berlin, le gouvernement allemand a accompagné la rénovation du Reichstag par Sir Norman Foster d’un ambitieux programme de commandes artistiques. Des gloires internationales aux peintres de l’ex-RDA, en passant par des artistes étrangers, l’Allemagne regarde son histoire.
BERLIN (de notre correspondante - Pendant l’été 1995, Jeanne Claude et Christo s’étaient appropriés le Reichstag en le recouvrant d’une immense bâche, geste symbolique qui semblait matérialiser les fantômes du passé. Après la rénovation du bâtiment par Sir Norman Foster (lire page 2) et l’installation du parlement allemand dans les lieux, la situation s’inverse : c’est au tour du palais d’annexer l’art. Pour décorer et donner sens au nouveau centre du pouvoir, d’importantes commandes publiques ont été passées. Des œuvres monumentales de Gerhard Richter et Sigmar Polke, tous deux originaires de l’ex-Allemagne de l’Est, sont accrochées sur les murs de l’entrée ouest. Deux toiles de Baselitz sont placées dans l’entrée sud, et le restaurant principal est orné d’une peinture murale de Markus Lüpertz. Curieusement, l’immense toile d’Anselm Kiefer, Seulement avec le vent, avec le temps et avec le son, est reléguée dans une salle de réception dont les dimensions réduites ne lui rendent pas justice. Quant à la chapelle, elle a été conçue par Gunther Uecker. Cette liste, véritable énumération des têtes d’affiches du monde de l’art allemand, n’a pas manqué d’attirer la critique. En réaction, la commission artistique du gouvernement a décidé de passer commande à des artistes moins connus à l’étranger et originaires de l’ex-RDA, comme Gerhard Altenbourg ou Hermann Glöckner.
Des personnalités représentant les anciennes forces d’occupation ont aussi été invitées. La Grande-Bretagne est évoquée par le travail de Norman Foster ; Jenny Holzer – probablement l’artiste américaine la plus sollicitée par les pouvoirs publics allemands – a installé dans le hall d’entrée nord une colonne quadrangulaire où défilent des textes électroniques, transcriptions de discours et de débats historiques tenus dans l’enceinte du Reichstag. Choisi pour représenter la France, Christian Boltanski a réalisé dans une cave du palais une installation intitulée Reichstag Archive. Caractéristique du travail de l’artiste, la pièce est un couloir de dix mètres de long où sont entreposées environ cinq milles boîtes métalliques, chacune dédiée à un parlementaire ayant siégé au Reichstag. Une œuvre de l’artiste russe Grisha Bruskin, placée dans un salon, rappelle la longue présence de l’URSS dans la partie orientale du pays.
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L’art siège au Reichstag
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°82 du 30 avril 1999, avec le titre suivant : L’art siège au Reichstag