Art contemporain par excellence, la vidéo, telle que la pratique le pionnier Bill Viola, génère sa propre esthétique de l’image en mouvement en créant un spectateur différent de celui du cinéma.
Apparu au milieu des années 1960 alors que la technique se démocratisait tout en se simplifiant, l’art vidéo a offert une alternative à l’image cinématographique et à son mode de production. Dans cette révolution, ce n’est pas le savoir-faire qui s’est imposé mais, au contraire, une extraordinaire liberté expérimentale, débridée, complètement affranchie des diktats habituels de l’art. Nam June Paik et Bruce Nauman dans les années 1960, puis dans les années 1970 Bill Viola, Vito Acconci, Dan Graham et Michael Snow, ont été parmi les plus déterminants dans le développement de cet art qui bousculait autant les conditions d’enregistrement que de visionnage. Peu dispendieux, l’art vidéo a simultanément éclos sur toutes les scènes artistiques, il est un art contemporain par excellence. Il se regarde sur un écran, se projette, se démultiplie, se diffuse à la télévision ou en galerie. La vidéo a gagné ses lettres de noblesse à une rapidité fulgurante, malgré une commercialisation compliquée puisque les supports sont assez faciles à dupliquer. L’art vidéo possède une connexion privilégiée avec l’art de la performance, car il en a bien souvent été l’extension naturelle, dépassant la simple fonction d’archive filmée.
Un art polymorphe
Mais, pour des artistes comme Bill Viola, l’art vidéo dépasse cette simple fonction et tire parti des possibilités techniques du médium en réussissant à ne pas réduire ses œuvres à de simples « astuces » visuelles. L’art vidéo n’est pas du clip, ni un cinéma du pauvre, il a généré sa propre esthétique de l’image en mouvement et créé un spectateur différent de celui du cinéma. Que l’on pense aux installations immersives de Viola, aux mises en scène incarnées de Tony Oursler qui projette ses saynètes sur des silhouettes anthropomorphes, ou aux dispositifs de Nam June Paik, l’art vidéo a démontré son polymorphisme. Bill Viola a découvert la vidéo lors de ses études et a immédiatement perçu le potentiel de ce médium encore juvénile. Depuis ses premières cassettes en 1972 où il se filmait devant la caméra jusqu’aux giga-installations des dernières années, il n’a cessé de développer un vocabulaire de la concentration méditative. D’une progression lente, la plupart de ses œuvres manient la mise en ellipse pour davantage sonder l’âme du spectateur que de raconter une histoire. C’est une des qualités de l’art vidéo : celle de ne jamais laisser tranquilles ses observateurs.
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La vidéo, cet art qui ne laisse jamais le spectateur tranquille
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Opéra Bastille, Paris-12e
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Mise en scène : Peter Sellars
Vidéo : Bill Viola.
www.operadeparis.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : La vidéo, cet art qui ne laisse jamais le spectateur tranquille