Turquie - Politique

La Turquie condamnée pour violation de la liberté d'expression d'un artiste

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 3 février 2021 - 327 mots

STRASBOURG

La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a estimé mardi que la condamnation par la justice turque d'un artiste britannique qui avait réalisé en 2006 un collage critique de Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, constituait une violation de sa liberté d'expression.

Drapeau de la Turquie. © Konevi
Drapeau de la Turquie.
© Konevi

A l'occasion d'une manifestation pour la paix à Istanbul en 2006, l'artiste britannique Michael Dickinson avait exposé un collage montrant la tête de M. Erdogan collée sur le corps d'un chien tenu par une laisse, en forme de drapeau américain, pour critiquer le soutien politique turc à l'occupation de l'Irak.

Les autorités turques avaient alors engagé des poursuites contre les organisateurs de la manifestation, et M. Dickinson avait une nouvelle fois exposé son collage publiquement lors de leur procès.

Il avait alors à son tour fait l'objet de poursuites pénales pour insulte au Premier ministre. Dans le cadre de cette procédure, Michael Dickinson avait passé trois jours en détention provisoire avant d'être condamné à une amende de plus de 3 000 euros en 2010.

La justice turque avait estimé que son travail était de nature à humilier et insulter le Premier ministre, et portait atteinte à son honneur et à sa réputation. Le prononcé du jugement fut cependant reporté pour cinq ans, et le jugement fut annulé en 2015.

Entre-temps, l'artiste avait saisi la CEDH qui a jugé sa requête recevable. A l'unanimité, les sept juges ont estimé que la condamnation en 2010 de M. Dickinson constituait une violation de la liberté d'expression, garantie par l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme.

Ils ont souligné que les travaux de M. Dickinson constituait une « critique politique s'inscrivant dans un débat d'intérêt général », et que sa condamnation pouvait avoir un « effet dissuasif sur la volonté de l'intéressé de s'exprimer sur des sujets relevant de l'intérêt public ».

La cour a condamné la Turquie à verser 2 000 euros au requérant pour « dommage moral ».

Cet article a été publié par l'AFP le 2 février 2021.

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