La justice reconnaît la violation de l’intimité des habitants de l’immeuble voisin.
Après avoir perdu dans les instances précédentes, les cinq propriétaires de l’immeuble qui jouxte la Tate Modern ont obtenu un jugement favorable devant la Cour suprême, la plus haute juridiction du Royaume-Uni. Lorsqu’ils achètent leurs appartements de luxe en 2013 dans ce quartier branché de Londres, les propriétaires ne se doutaient pas que la Tate Modern, alors en rénovation, allait construire une terrasse offrant une vue directe sur leurs salons, distante de seulement 34 mètres. Pour en avoir fait l’expérience en juin 2016 à l’ouverture de la Tate Modern, il est vrai que cette vue plongeante à travers les grandes baies vitrées des habitants de l’immeuble était troublante, au point que l’on pouvait se demander si ces showrooms très design n’étaient pas une extension de la Tate.
Les premiers juges ont débouté les riverains au motif que ce vis-à-vis était normal dans une grande ville et qu’il appartenait aux habitants de mettre des stores pour protéger leur intimité. Dans une décision partagée (3 contre 2), les juges suprêmes ont renversé l’appréciation juridique de la situation. Ils ont en effet considéré que la terrasse qui offre un panorama sur Londres, en général, et les riches intérieurs de l’immeuble mitoyen, en particulier, n’est pas une utilisation normale d’un musée. Les plaignants ont fait état des photographies de leurs salons prises par les visiteurs de la Tate et postées sur les réseaux sociaux. La difficulté pour les juges était de ne pas créer de jurisprudence pour des cas similaires mais entre deux immeubles d’habitation. Ils ont ainsi trouvé cette astuce juridique. La cour suprême n’a pas indiqué de solution technique pour empêcher les voyeurs et a renvoyé les habitants et la Tate à trouver un accord en ce sens.
Cette terrasse semble maudite puisqu’en 2019, un adolescent britannique atteint de troubles psychiques avait balancé par-dessus la rambarde un jeune visiteur français.
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La Tate perd son belvédère
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°606 du 3 mars 2023, avec le titre suivant : La Tate perd son belvédère