La Russie censure les « Icônes Pussy Riot »

Un tribunal de Novossibirsk (Sibérie) a interdit mardi la publication sur Internet d’icônes créées par les artistes contemporains Artem Loskutov et Masha Kiseleva. Il s’agit d’affiches et de tee-shirts représentant des membres masqués du groupe Pussy Riot, sur le modèle d’icônes saintes. La justice a vu dans ces œuvres une « dérision du sacré » tombant sous le coup de la nouvelle loi votée cette année punissant « l’insulte aux sentiments religieux et la profanation des objets sacrés ».

Tout site Internet russe publiant les icônes Pussy Riot sera immédiatement inscrit sur la liste noire du « registre des sites interdits », a décidé un tribunal, sur ordre de la procurature et du Patriarcat de l’église orthodoxe russe. L'Internet russe a immédiatement obtempéré, car figurer sur ce registre a pour conséquence le blocage de la totalité du site, et pas seulement de la page où les images interdites sont publiées.

Artem Loskutov, 26 ans, a déjà été arrêté et s’est vu infliger des amendes pour avoir collé ses icônes Pussy Riot sur des panneaux publicitaires et pour avoir distribué des tee-shirts représentants ces œuvres. Joint par le site www.sib.fm, Loskutov a dit ne pas comprendre comment les icônes peuvent « tomber sur un registre qui ne cible que la pédophilie et l’extrémisme ».

L’influence du Patriarcat de Moscou sur la société et la justice russe ne fait que croître, comme en témoigne l’emprisonnement de trois membres de Pussy Riot et l’interdiction fréquente d’expositions d’art contemporain.