Politique

La Rue de Valois anticipe l’arrivée du RN : le cas Agnès Saal

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 25 juin 2024 - 420 mots

Le ministère ne va pas renouveler le mandat de la haute fonctionnaire à l’égalité et à la diversité, jugée « trop visible ».

La fébrilité gagne les couloirs de la Rue de Valois à l’approche des prochaines élections législatives et de la possible victoire du Rassemblement National (RN) avec des décisions qui laissent perplexes.

L’ancienne présidente de l’Institut National de l’Audiovisuel (qui avait été sanctionnée pour ses notes de taxis) occupait depuis 2016, d’abord en tant que chargée de mission puis sur un poste formel, la fonction de Haute fonctionnaire à l'égalité, à la diversité et à la prévention des discriminations, auprès du secrétaire général du ministère de la culture. En théorie, le mandat de ce poste est de 3 ans, mais en l’espèce le mandat est d’un an de sorte qu’Agnès Saal (66 ans) doit tous les ans avant la fin de son mandat qui est le 31 août, demander son renouvellement.

C’est ce qu’elle a fait une fois encore. Mais cette année, le secrétaire général Luc Allaire lui a signifié à deux reprises, la deuxième fois en présence d’un délégué syndical, qu’il ne souhaitait pas qu’elle soit renouvelée et lui a même demandé de démissionner avant l’heure. Selon Agnès Saal, Luc Allaire, énarque comme elle, considère « qu’elle est trop visible » et que dans l’hypothèse d’une victoire du Rassemblement National, il serait souhaitable que le ou la titulaire du poste soit « moins marqué ».

Agnès Saal revendique son « militantisme » pour l’égalité homme-femme et le respect des diversités ethno-raciales et des orientations sexuelles. Elle dénonçait ainsi récemment lors d’un master class organisé par l’Ecole de cinéma et audiovisuel 3IS, un « système de patriarcat [dans la culture] où le pouvoir est détenu par un petit groupe de personnes caractérisées par leurs origines en général des hommes, blancs, hétérosexuels, plutôt quinquagénaires ou sexagénaires ».

Elle affirme au JdA, que cette décision a été prise en accord avec Rachida Dati. La vacance de poste a été publiée le 20 juin, et si le recrutement est mené tambour battant, le titulaire du poste pourrait être choisi avant le deuxième tour des législatives.

L’explication rapportée par Agnès Saal ne manque pas d’interroger. Puisqu’un nouveau ministre pourra toujours mettre qui il veut à ce poste très exposé, pourquoi anticiper un possible ministre issu du RN et nommer déjà quelqu’un qui pourrait lui convenir ? Pourquoi ne pas renommer Agnès Saal, quitte à ce qu’elle soit démise par cet hypothétique ministre RN et en faire un symbole ? S’agit-il plus simplement d’un règlement de compte qui n’a rien à voir avec le RN ?

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