GDANDSK / POLOGNE
De nombreuses œuvres d’art volées aux Juifs en Europe pendant la guerre et déplacées en Pologne y sont restées.
La Pologne martyrisée pendant la Seconde Guerre mondiale réclame toujours le retour de plus de 63 000 œuvres d’art et biens culturels confisqués à ses ressortissants de confession juive. Néanmoins, d’autres pays d’Europe, notamment les Pays-Bas, dont des œuvres d’art ont été volées pendant la guerre et stockées par les nazis en Pologne, reprochent à la Pologne de ne pas faire les efforts nécessaires à la restitution des biens culturels, comme le signale un article récent du New York Times.
Dans les années 1940, les familles juives hollandaises furent en effet contraintes de céder leurs biens à une ancienne banque juive, Lippmann, Rosenthal and Co., que les nazis pillèrent. Une partie de ces œuvres d’art ont ensuite été vendues aux enchères en Pologne, sous le contrôle du Reich allemand, qui utilisait les musées polonais comme dépositaires d’œuvres d’art.
Selon un rapport de 2018 de la Origin Unknown Agency, une organisation hollandaise qui enquête sur les cas de biens culturels pillés pendant la guerre, 81 œuvres saisies aux Pays-Bas par les nazis se seraient retrouvées en Pologne occupée. Parmi ces œuvres, sept sont aujourd’hui conservées au Musée national de Gdansk (Pologne). Certaines sont attribuées à d’illustres peintres flamands du XVIIe siècle, notamment Jan van Goyen, Pieter de Hooch et Ferdinand Bol.
Kamil Zeidler, professeur de droit à l’université de Gdansk, reproche au gouvernement polonais de vouloir récupérer à son seul profit des biens culturels pillés, en contradiction avec les principes de la Conférences de Washington de 1998, qui fixent les exigences de la coopération internationale pour le retour des biens confisqués.
« Il n’y a pas d’engagement au niveau des musées, ni au niveau national, ni au niveau politique pour rendre ces œuvres conservées dans le pays », déplore Anne Webber, fondatrice et coprésidente de la Commission for Looted Art in Europe (CLAE), une organisation à but non lucratif basée à Londres qui travaille à favoriser les restitutions.
Mais selon le ministre polonais de la Culture, ces critiques seraient injustifiées. « Jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune demande de restitution de la part des Pays-Bas concernant des œuvres d’art pillées pendant la Seconde Guerre mondiale et situées dans des musées polonais », s’est-il défendu.
Le Musée national de Gdansk affirme de son côté faire tous ses efforts pour identifier et rendre les biens culturels à leurs propriétaires, mais insiste sur la difficulté du processus, notamment dû au manque de documents qui ont été en grande partie détruits, brûlés ou déplacés en Russie pendant la guerre.
Gideon Taylor, président des opérations de l’Organisation mondiale juive pour la restitution des biens (WJRO), a déclaré que la Pologne devrait prendre deux mesures pour se conformer aux normes internationales de restitution : la mise à disposition du public de l’information sur les œuvres d’art conservées à l’intérieur du pays, et la mise en place d’un processus pour traiter les demandes de restitution.
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La Pologne rechigne à restituer des œuvres d’art pillées par les nazis
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