La photo investit aussi la rive gauche

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 29 octobre 2013 - 677 mots

Le 6e arrondissement accueille un parcours photographique autour du thème « Visage et corps », dans une quarantaine de galeries et divers lieux.

Après l’effervescence artistique autour de la Fiac, c’est au tour de la photo de contribuer au rayonnement culturel de la capitale. Le quartier de Saint-Germain-des-Prés participe de ce mouvement en proposant, du 6 au 23 novembre, un parcours photographique dans une quarantaine de lieux, mêlant galeries (art contemporain, photo ou design), librairies spécialisées, agences photo et institutions. « Nous voulons faire de Saint-Germain un lieu privilégié pour la photo et créer un événement convivial en ayant à cœur de provoquer de vraies rencontres humaines », explique Guillaume Piens, conseiller artistique de l’événement. Né de la volonté de galeries du quartier, ce parcours a connu une première mouture test avant de prendre de l’ampleur avec l’arrivée en 2011 de l’ancien directeur de Paris Photo (aujourd’hui commissaire général d’Art Paris Art Fair) et de Catherine Vauselle. « Nous souhaitons lutter contre l’esprit boutiquier du quartier, aussi il était fondamental de proposer un événement de qualité, plus sélectif cette année », ajoute Guillaume Piens. Douze projets ont en effet été retoqués par le comité de sélection et le parcours qui réunissait 48 participants l’an dernier les réduit aujourd’hui à 38, en comptant de nouveaux arrivants. Les galeries Catherine Houard, Patrice Trigano, Da-End ou Géraldine Banier inscrivent en effet leur nom pour la première fois dans les pages du festival.

Si les participants sont divers et les genres et périodes abordés vastes, la manifestation est fédérée autour d’un thème. Après « Images et mots » et « Voyages et rêves », cette troisième édition est articulée autour de « Visages et corps ». « Il est important de réunir ces lieux autour d’une thématique unie, de donner du sens. “Visages et corps” nous ramène à des choses essentielles, à la question de l’homme ». Des choses essentielles pour un corps à la fois vecteur de l’identité sociale et culturelle, des passions, mais aussi des tabous. Le noir et blanc est très présent dans ce parcours qui met cependant à l’honneur de nombreux genres et époques de la photographie. Magnum se focalise sur le portrait à travers une exposition de son premier membre sud-américain, le Chilien Sergio Larrain, décidément sous le feu des projecteurs cette année, des Rencontres d’Arles à la Fondation Henri Cartier-Bresson.

Est montré un ensemble de tirages des années 1970 réalisés en Bolivie, au Pérou ou au Chili, parmi lesquels des photos mythiques de Valparaiso ou des enfants vagabonds de Santiago. À ne pas manquer également la série de portraits de Denis Rouvre sur les tribus Kanaks à la galerie Hélène Bailly. La question du nu et du corps est étudiée au Centre tchèque avec une exposition de Pavel Mára, grande figure de la photographique tchèque contemporaine dont il faut apprécier particulièrement le travail sur la lumière. À la galerie Aittouarès, une série de portraits vintages de créateurs phares du XXe siècle par les plus grands noms de la photographie sont exposés : Picasso saisi par Brassaï, Julien Green devant l’objectif de Laure Albin-Guillot ou encore Gabriel Garcia Marquez posant devant Helmut Newton.

Les maliens Malick Sidibé et Adama Kouyaté, illustres figures de la photographie africaine, sont invités à la galerie Berthet Aittouarès, en contrepoint des œuvres de Philippe Bordas, Antoine Schneck et Alain Turpault réalisées au Kenya, au Soudan et au Mali, livrant ainsi un beau portrait de l’Afrique. Chez Vallois, c’est Franco Pagetti qui livre une étude ethnographique réalisée en Inde en 1996, avec une série de portraits de villageois et paysans. Le reportage est représenté par David Monteleone, lauréat du prix Carmignac dont le travail sur la Tchétchénie ces derniers mois est montré à la chapelle de l’École des beaux-arts. De son côté, Meyer Oceanic Art, qui s’ouvre à la photographie pour l’occasion, montre une intéressante (re)découverte : celle de Kim Novak en vamp hollywoodienne devant l’objectif de J.-R. Eyerman, photoreporter pour Life Magazine.

3e Festival Photo Saint-Germain-des-Prés, Visages et corps

Du 6 au 23 novembre 40 lieux du 6e arrondissement, renseignements sur www.photo-saintgermaindespres.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°400 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : La photo investit aussi la rive gauche

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