Le premier des trois nouveaux lieux culturels promis par le Maire de Paris
vient d’être inauguré dans le 11e arrondissement.
PARIS - Rehaussée aux couleurs de la CGT, la Maison des métallos, à Paris, a rouvert ses portes au public le 7 novembre après vingt-deux mois de travaux, au rythme des pas de danse de l’Indienne Rukmini Chatterjee. Haut lieu de l’histoire ouvrière et sociale, cet ensemble de bâtiments du bas Belleville était, il y a dix ans encore, menacé de démolition. C’est la mobilisation de plusieurs associations puis de la mairie du 11e arrondissement qui ont permis son rachat par la Ville de Paris, officialisé en 2001 par Jean Tibéri. Bertrand Delanoë, alors fraîchement élu à la tête de la municipalité parisienne, s’est ensuite engagé à en faire l’un des trois projets culturels phares de sa mandature. Les deux autres, le « 104 », nom de l’ancien bâtiment des Pompes funèbres du 104 de la rue Aubervilliers (futur lieu de création et de production artistique), et la « Gaîté-Lyrique », dévolue aux arts numériques, devront être impérativement inaugurés avant les élections municipales.
Construits en 1881 pour abriter la fabrique d’instruments de musique Couesnon, les 2 500 mètres carrés de bâtiments, caractéristiques de l’architecture industrielle de la fin du XIXe siècle, ont été élégamment rénovés par l’architecte Vincent Brossy. Si façades et toitures sur rue et passage sont protégées au titre des monuments historiques, l’intérieur a pu être remodelé autour de sa grande verrière. Plus que la réhabilitation du bâtiment, respectueuse de l’architecture d’origine, c’est sa nouvelle utilisation qui a fait débat. Les associations mobilisées pour son sauvetage ont en effet plaidé auprès des instances municipales afin que soit préservé l’esprit populaire de ce bâtiment, racheté en 1937 par l’Union fraternelle des métallurgistes, émanation du syndicat CGT. Le 94 de la rue Jean-Pierre Timbaud – nom d’un ancien secrétaire de la CGT métallurgiste fusillé en 1941 – a longtemps été un lieu éminemment politique. Y ont notamment été accueillis les volontaires des Brigades internationales lors de la Guerre d’Espagne, mais aussi de nombreux combats sociaux, lancés entre meetings sportifs et syndicaux, animations pour enfants et bals populaires. C’est cet esprit de convivialité que les associations, réunies dans un « Comité des métallos », ont voulu préserver.
Le résultat, qui a coûté 13,5 millions d’euros à la collectivité parisienne, sera finalement hybride. Placé depuis 2003 sous la direction de Gérard Paquet, ancien directeur du Théâtre national de la danse et de l’image de Châteauvallon (Var), le nouvel établissement jouera plutôt la carte de la culture haut de gamme tout en restant ouvert sur le quartier. Ateliers de pratiques artistiques, pôle numérique, centre de débats et lieu d’accueil pour les associations devront donc cohabiter dans ce « laboratoire du beau et du vivre ensemble », selon les termes de Georges Sarre (MRC), maire de l’arrondissement. Espérons que les accents populaires – et préélectoraux – des discours officiels prononcés lors de la journée d’inauguration continueront d’animer ce lieu singulier de la mémoire sociale et politique parisienne.
94, rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris, tél. 01 47 00 25 20, www.maisondesmetallos.org
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La Maison des métallos renaît
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°269 du 16 novembre 2007, avec le titre suivant : La Maison des métallos renaît