Après avoir souhaité infléchir la programmation du lieu, la nouvelle municipalité de Noisy-le-Sec n’a pas renouvelé le contrat de sa directrice.
NOISY - La direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) Île-de-France a pesé de tout son poids et le résultat est là : la Galerie de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) restera un centre d’art contemporain. Comme de nombreuses structures consacrées à la création actuelle situées à Paris ou dans la région parisienne, l’institution traverse une période difficile due à l’incompréhension des élus face à un outil dont ils souhaiteraient bénéficier rapidement d’un retour (électoral) sur investissement, à des artistes locaux qui essaient de tirer la couverture à eux, et à la position d’un directeur – en l’occurrence d’une directrice – qui entend proposer la programmation de haut niveau qu’attendent de lui les inspecteurs à la création de la délégation aux Arts plastiques/ministère de la Culture.
Le centre d’art est sauvegardé, mais le contrat de sa première directrice, Hélène Chouteau, prend fin ce mois de décembre et ne sera pas renouvelé. En six ans, celle-ci a pourtant organisé près de vingt-cinq expositions, dont certaines ont fait date comme celles du groupe Untel, de Stéphane Calais, Christian Biecher, Michel Journiac, Claude Lévêque ou de l’Atlas Group/Walid Raad. Un grand nombre d’œuvres ont été produites, parmi lesquels les « Objets de grève » de Jean-Luc Moulène, rentrés depuis dans les collections du Musée national d’art moderne, à Paris. Des artistes ont été accueillis en résidence à Noisy, à l’exemple de Bernard Calet ou Kristina Solomoukha, et le centre d’art a publié un journal et édité de nombreux catalogues. Il a aussi su fidéliser un public, mettre en place des actions éducatives et noué des partenariats avec le Centre Pompidou, les centres d’art parisiens du Plateau et du Palais de Tokyo...
« Rendre la Galerie aux Noiséens »
Voulu par le maire communiste de Noisy-le-Sec, Jean-Louis Mons, le centre d’art a été, depuis la victoire aux élections municipales de 2003 de la liste de droite emmenée par Nicole Rivoire, au centre de plusieurs remises en cause. Très vite, il a été question pour la nouvelle municipalité de « rendre la Galerie aux Noiséens ». La Mairie – qui prend en charge le fonctionnement (salaires, assurance, communication…) tandis que la programmation est financée par le conseil général de Seine-Saint-Denis, la Région Île-de-France et la DRAC Île-de-France – souhaite changer la programmation et permettre aux artistes amateurs de la ville d’exposer dans le centre d’art. Face à l’opposition, notamment, de la DRAC, qui menace de retirer sa subvention, la Mairie de Noisy-le-Sec fait finalement machine arrière. Mais elle ne renouvelle pas le contrat d’Hélène Chouteau. Jean Thary, adjoint aux affaires culturelles, justifie cette décision par des problèmes relationnels entre la directrice et son équipe. Il souhaite aujourd’hui recruter un directeur qui aura « un projet mené avec le même professionnalisme que la personne précédente, mais qui, dans le management interne, sera plus en phase avec ce que l’on attend d’un chef de service public ». Le nouveau directeur devrait être désigné le 15 janvier en partenariat avec la DRAC, le conseil général et la Région. « La Mairie laissera une latitude de choix à la nouvelle direction. Elle n’interviendra pas », nous a précisé Jean Thary. En attendant, les artistes de Noisy exposeront bien leurs œuvres, mais pas à la Galerie. La municipalité leur a réservé le moins prestigieux centre culturel Gérard-Philipe.
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La Galerie change de direction
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°205 du 17 décembre 2004, avec le titre suivant : La Galerie change de direction