Contrairement à d’autres ministères, celui de la Culture est victime de la réduction du déficit budgétaire prônée par le gouvernement : ses crédits vont baisser de 2,5% l’an prochain. Le budget 95 scelle la fin des grands travaux et accuse le poids grandissant de la Bibliothèque nationale de France.
PARIS - Le ministère de la Culture et de la Francophonie disposera de 13,44 milliards de francs en 1995, contre 13,50 milliards de francs cette année. En francs courants la baisse est de 0,5 %, mais de 2,5 % si l’on tient compte de l’inflation. À l’issue des différents arbitrages, ayant bâti un budget de l’État placé sous le signe de la réduction du déficit, la Culture s’en sort moins bien que d’autres ministères, comme l’Emploi, l’Éducation nationale, la Recherche, les Affaires étrangères… dont les crédits progressent.
De ce fait, la part des crédits de la Culture dans le budget de l’État régresse. Elle était de 0,93 % cette année et tombera à 0,91 % en 1995. L’objectif de 1 %, revendiqué dans les années soixante par les artistes, semble désormais bien loin de portée, même si un long chemin a été parcouru. Avant l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, l’État ne consacrait que 0,48 % de ses dépenses à la culture.
Le ministre Jacques Toubon justifie ce recul par l’achèvement des grands travaux, dont la part dans le budget passe de 20 à 17,4 %. Hors grands travaux, fait-il observer, les dépenses ordinaires du ministère progressent de 3,3 %. Après les grands chantiers lancés dans la décennie écoulée (Grand Louvre, Bibliothèque nationale de France, Cité de la Musique…), le budget 95 scelle donc la fin d’une politique, puisqu’aucun grand projet n’est annoncé. Pour des chantiers d’importance moindre, comme la rénovation du Musée Guimet (JdA n° 5, juillet-août) qui doit débuter à la mi-95, il est frappant de lire dans le document budgétaire remis par le ministère de la Culture que "ces travaux devraient bénéficier d’importants crédits de mécénat"…
Il est clair également que le ministère du Budget souhaite désormais récupérer pour d’autres affectations, ou pour réduire le déficit de l’État, le volume de crédits attribués aux investissements mitterrandiens. Bercy voulait reprendre 600 millions de francs pour 1995, la rue de Valois a pu en conserver la moitié, dit-on dans l’entourage de Jacques Toubon.
La Culture a peut-être fini de manger son pain blanc. Ainsi, les dépenses dites du titre IV, les subventions accordées aux associations et aux collectivités locales, sont seulement maintenues en valeur, et baissent en tenant compte de l’inflation. De ce fait, le "parisianisme" du budget, pourtant dénoncé par Jacques Toubon, devrait s’accentuer avec la montée en puissance de la Bibliothèque nationale de France. Ses crédits de fonctionnement augmentent de 58 % pour atteindre 549,2 millions de francs. La BNF, dont le bâtiment doit être livré en mars, va embaucher 329 personnes s’ajoutant aux 1 500 déjà en poste.
Musées : dépenses ordinaires en baisse de 0,1 %, maintien (hors inflation) des - faibles - crédits d’acquisition de la RMN, progression de 6,3 % de ceux du fonds du patrimoine.
Arts plastiques : dépenses ordinaires en hausse de 4,5 %, pour en particulier la rénovation du site des Gobelins, le développement des programmes pédagogiques de l’Ensba et de l’Ensci.
Centre Pompidou : dépenses ordinaires en hausse de 5,7 %, autorisations de programme en progression de 41 % pour les futurs travaux de rénovation.
Patrimoine monumental : montant total des crédits en hausse de 1,6 %.
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La culture victime de la "rigueur"
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : La culture victime de la "rigueur"