POINTE-À-PITRE
En crise de gouvernance depuis 2021, le Mémorial est géré de manière préoccupante et irrégulière selon la Cour.
Nommée directrice par interim du Mémorial ACTe en juin dernier par le président de la région Guadeloupe, Ary Chalus, Manuella Moutou a pris ses fonctions au mois de septembre dernier. Cette cadre de la région au profil industries créatives aura fort à faire, comme le montre un rapport de la Cour des comptes régionale finalisé au mois de juin, et publié en novembre.
Le rapport revient sur la crise de gouvernance qui a paralysé l’établissement, opposant la directrice précédente, Laurella Rinçon, à son conseil d’administration. Suspendue de ses fonctions en avril 2021, la conservatrice du patrimoine a été réintégrée en septembre 2021 après une décision du tribunal administratif annulant la suspension prononcée par le Conseil d’administration. « Cette situation de conflit ouvert connue de tous [..] est très préjudiciable au fonctionnement de l’établissement », notent les magistrats
Le départ définitif de Laurella Rinçon en août dernier ne règle pas tous les maux du MACTe, dont l’état des finances est préoccupant. Dépenses juridiques, prestations extérieures et revendications sociales irrégulières grèvent les recettes de l’établissement. La gestion fait peser des « risques juridiques et financiers majeurs », soulignent les magistrats, qui notent une régie des recettes très opaque, propice à la fraude.
Depuis la transformation de la société d’économie mixte qui gérait le MACTe en un établissement public de coopération culturelle (EPCC) en 2019, le Mémorial ne s’est toujours pas doté des instances nécessaires à son fonctionnement. Pas de conseil scientifique, un conseil d’administration irrégulier (où ne siège aucun représentant du personnel, faute d’élections), pas d’organigramme (l’EPCC privilégie les CDD), pas de conseil social et économique, pas plus de Projet scientifique et culturel.
Le rapport fait également état d’une ingérence préoccupante de la région dans la gestion et l’exploitation du MACTe. Lors de la course nautique la Route du Rhum, la région Guadeloupe a organisé des évènements directement au sein de l’établissement. Le résultat budgétaire excédentaire de l’EPCC s’explique par cette mainmise, la région prenant en charge un certain nombre de charges du MACTe (sécurité, eau, électricité).
Ces dysfonctionnements majeurs éloignent le Mémorial inauguré en 2015 de son objectif initial : être un centre de recherche majeur, au plan national et international, sur la question de l’esclavage et du commerce triangulaire. Avec la nomination de l’intérimaire Manuella Moutou, dont le mandat est renouvelable tous les six mois, la région espère mettre de l’ordre dans l’EPCC.
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La Cour des comptes blâme le Mémorial ACTe
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