Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, lauréats du Prix Marcel Duchamp

C’est au duo d’artistes libanais qu’a été décerné le prix, le 16 octobre, au Centre Pompidou. Organisé par l’Adiaf (Association pour la diffusion internationale de l’art français) en partenariat avec l’institution et doté de 35 000 euros, celui-ci permet aux artistes nommés de produire chaque année un projet spécifique en bénéficiant d’expositions destinées à faire rayonner le dynamisme de la scène française. Pour la première fois, un « petit Marcel », trophée conçu par le facétieux Fabrice Hyber – une bouteille entourée d’un maillot en bronze peint en blanc – a été remis au duo récipiendaire. « Ce prix est très important pour nous, confiait Joana Hadjithomas. Notre parcours est atypique. Nous travaillons à deux et n’avons pas été dans les sentiers balisés des écoles d’art. Et surtout, pour nous qui vivons en France, être nommés au prix Duchamp avec des artistes que nous respectons énormément et qui viennent eux aussi de chemins et d’histoires très différents nous conforte dans l’idée que l’art est vraiment ce lieu dans lequel on peut se retrouver, au-delà des géographies, des nationalités. L’art pose des questions politiques et de société, cherche des formes pour donner de la poésie, de l’espoir. On voit combien nos sociétés malades en ont besoin, qu’il s’agisse de problèmes sociétaux ou d’environnement. Dans un moment où l’on ressent une certaine obscurité autour de nous, il s’agit aussi de se souvenir de la lumière. »

Pour le prix Marcel Duchamp, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ont proposé un projet réunissant sculpture, vidéo, dessin et photographie. Des prélèvements du sous-sol, échantillons à partir d’un matériel collecté à Paris, Beyrouth et Athènes lors de profonds forages permettent de reconstituer l’histoire d’un site, de ses occupations successives aux catastrophes écologiques advenues. Autant d’« images enfouies », détournées et rendues disponibles à l’interprétation, inspirant une réflexion sur la place de l’homme dans cette nouvelle ère de l’Anthropocène. Une exposition collective, placée pour la deuxième année consécutive sous le commissariat de la talentueuse Alicia Knock, présente leur projet ainsi que ceux des autres finalistes dans la Galerie 4 du Centre Pompidou, jusqu’au 8 janvier.