Un film pour l’été télé ? Pourquoi pas Indiscret, comédie et mélo à parts égales, dont rires et pleurs s’alimentent à la source unique d’une transparence générale. Et double, bien sûr. Londres, 1957, Ingrid Bergman et Cary Grant, célibataires grand style quoique plus si jeunes, s’aiment à première vue – love at first sight –, et obtiennent tout avec une déconcertante facilité, meilleures tables pour dîner, yachts inlouables, tableaux de maître. Mais s’exposent aussi, et c’est moins enchanteur, aux regards et aux cancans de leur milieu, celui du théâtre et de la haute diplomatie, qui à la vie privée refuse tout abri protégé. De cette clarté, un délicat détail, parmi mille, condense l’essentielle ambivalence : la limousine, qui roulant au pas quatre mètres derrière eux, surveille et berce les amants en promenade. Comment se fabriquer une intimité dans un monde de pleine évidence, c’est la question que pose le si précieux Stanley Donen. Sa réponse : en remplaçant la séduction, ses drames et ses trucs, nuls désormais, par une entente où rien ne dissone, une idéale camaraderie. D’un mot, par le charme, cette qualité élémentaire d’énigme et de jeu qui demeure quand précisément on ne joue plus. La nuit tombe, sur la ville et sur le cinéma. La partie est bientôt finie. Gloire à Ingrid et à Cary, assez légers et graves pour accueillir, à cette heure, la certitude de ce qui vient et ne s’en ira pas : amour définitif, vieillesse, déclin de Hollywood.
- Indiscret (Indiscreet), de Stanley Donen. 1957. Avec Ingrid Bergman et Cary Grant. Du 3 au 9 juillet sur Cineclassics.
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Indiscret et charmant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°538 du 1 juillet 2002, avec le titre suivant : Indiscret et charmant