Comment devient-on graphiste, paysagiste, designer, agent du patrimoine, restaurateur ? Quelles écoles, quelles formations, quel parcours a-t-on suivi ? Le JdA inaugure une rubrique mensuelle sur les métiers de l’art. Celle de ce numéro est consacrée aux graphistes. Les progrès des outils numériques et la place grandissante des images dans notre quotidien font de cette profession une discipline en pleine mutation.
Le choix d’une carrière artistique s’est imposé assez rapidement pour ce graphiste, aujourd’hui âgé de 34 ans. Il suit dès le lycée une filière lettres et arts plastiques et passe un baccalauréat A3. Après l’obtention de celui-ci, il entre dans un atelier préparatoire aux grandes écoles d’arts afin de réussir le concours d’entrée à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Cette première tentative se solde par un échec. Il récidive en s’inscrivant cette fois-ci à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art Olivier-de-Serres, et réussit l’année suivante à intégrer les Arts décoratifs. Laurent Mercier précise l’importance de cette année préparatoire : “La réussite au concours est pour une large part fonction de l’école qui vous y prépare. Cela représente un véritable investissement financier car la plupart de ces établissements sont privés. L’Atelier de Sèvres, ainsi que Penninghen, sont parmi les plus renommés.” L’effort budgétaire à consentir pour cette année préparatoire (ou mise à niveau) est généralement compris dans une fourchette allant de 30 000 à 40 000 francs. L’étudiant peut ensuite intégrer une structure publique, ou poursuivre ses études artistiques au sein du même établissement privé pendant trois ans (40 000 à 50 000 francs par an).
Durant les quatre années qu’il passe ensuite aux Arts décoratifs, Laurent Mercier opte pour la filière illustration ; ce n’est que plus tardivement qu’il s’oriente vers le graphisme, découvrant par le biais du livre et grâce à la pratique de l’informatique l’immense potentialité de ce secteur. À sa sortie de l’école, il choisit de travailler dans différents ateliers de design graphique, puis devient complètement indépendant à partir de 1996. Il partage actuellement un atelier avec deux autres graphistes, Agnès Rousseaux et François Vannière. Ce dernier a suivi le même enseignement supérieur que son confrère, mais son orientation vers un métier artistique s’est faite dès la seconde où il a acquis un brevet de technicien en arts appliqués.
Si certaines formations sont plus techniques que d’autres, tous les trois soulignent l’importance des stages en entreprise et l’apprentissage du métier sur le terrain. “Nos formations nous ont appris à réfléchir sur des sujets de communication d’une manière assez théorique. L’objectif était de laisser à notre créativité un maximum de liberté pour s’exprimer”, ajoute Laurent Mercier.
L’arrivée massive des ordinateurs dans notre quotidien a modifié de façon irréversible les formations à ces métiers et l’organisation du travail des professionnels. Incontournables, ces nouveaux outils sont des armes à double tranchant qui libèrent le graphiste de tâches répétitives et offrent des possibilités infinies, mais qui, paradoxalement, dévalorisent aussi le métier. “Nos clients sont de plus en plus difficiles à séduire. Ils savent tous à peu près se servir d’un ordinateur, et veulent un éventail illimité de propositions alors que nous avons été formés justement pour faire les bons choix”, conclut Laurent Mercier. La profession est cependant loin d’être en péril. Grâce au réseau de connaissances que les étudiants se forgent dès l’école, et qu’ils enrichissent lors de leurs différentes expériences professionnelles, l’entrée sur le marché de l’emploi se fait relativement facilement, et les frais engagés sont rapidement amortis. Certains graphistes décident de devenir indépendants dès la fin de leurs études, tandis que d’autres préfèrent passer par une agence, les possibilités sont multiples et les rémunérations fonction du statut adopté : salarié, indépendant intégré à une agence ou pas. Le montant de leurs émoluments s’inscrit dans une moyenne allant de 10 000 à 20 000 francs. Leurs champs d’intervention sont multiples : la publicité, l’édition (livre, catalogue, brochure), la signalétique d’exposition, et plus récemment l’habillage de site Web dont la demande croît fortement. Généraliste par excellence, le graphiste côtoie des univers variés, privés (l’industrie) ou publics (ministères, collectivités locales). Au sein de l’atelier de Laurent Mercier, d’Agnès Rousseaux et de François Vannière, tous les cas de figures sont représentés. Aucun d’entre eux ne revendique de spécialité dans un quelconque domaine, même si François Vannière avoue une compétence particulière dans la réalisation d’affiches, et Laurent Mercier de nombreux projets axés sur la signalétique. La majeure partie du travail traité par les trois protagonistes appartient au domaine de l’édition.
- École nationale d’arts de Cergy-Pontoise, 2 rue des Italiens,
parvis de la Préfecture,
95000 Cergy-Pontoise.
Tél : 01 30 30 54 44.
- École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art,
63- 65 rue Olivier-de-Serres,
75015 Paris. Tél : 01 53 68 16 90.
- École nationale supérieure
des arts décoratifs (Ensad),
31 rue d’Ulm, 75005 Paris.
Tél : 01 42 34 97 00.
Les écoles privées :
- Atelier de Sèvres, 47 rue de Sèvres, 75006 Paris. Tél : 01 42 22 59 73.
n École supérieure d’arts graphiques (Met de Penninghen et Jacques d’Andon, Académie Julian),
29-33 rue du Dragon, 75006 Paris. Tél : 01 42 22 55 07.
- École de communication visuelle (ECV), 77 rue du Cherche-Midi, 75006 Paris. Tél : 01 42 22 11 33. Ou ECV Aquitaine, 42 quai des Chartrons, 33000 Bordeaux. Tél : 05 56 52 90 52.
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Graphiste : une profession en plein essor
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°105 du 12 mai 2000, avec le titre suivant : Graphiste : une profession en plein essor