PHILOSOPHE - Il a le sourire généreux, comme le sont ses écrits sur l’art, ses fictions. Assis dans le salon de sa compagne – des travaux l’éloignent temporairement de son appartement-musée-capharnaüm –, Gilbert Lascault raconte une vie débutée en 1934 à Obernai.
Fils unique d’un couple de quincailliers alsaciens, il se rappelle les devoirs rédigés dans l’arrière-boutique, le « bordel » qui y règne et qui nourrira, plus tard, une esthétique de la « dispersion ». Viennent ensuite la licence de lettres et de psychologie, l’agrégation de philo, les séminaires de Lacan, un mariage, deux enfants et un divorce, la thèse sur « le monstre dans l’art », les cours donnés au lycée, au CNRS, à l’université, les rencontres avec Michaux et Dubuffet, les parutions dans Traverses et Paris-Normandie, la radio… Timide, il n’osera jamais parler à Max Ernst mais restera fidèle aux artistes de sa génération : Alechinsky, « un ami », Olivier Debré et Henri Cueco. Son récit biographique se complaît dans le désordre et la modestie. Les noms (Ricœur, Lyotard) et les époques se bousculent tels les objets envahissant les murs de son appartement. Lascault ne collectionne pas, il délire. Il s’entoure de masques, de tapis et de toiles pour allaiter sa joie et son imaginaire. La prose l’attire autant que la théorie, sa pensée fuit la fixité des courants artistiques pour investir les marges. Soit quatre-vingts ans de rêveries artistiques relatés en quatre-vingts œuvres à Issoudun – une carte blanche offerte par Sophie Cazé en guise d’autoportrait.
1934 Naissance à Obernai (67)
1960 Agrégé de philosophie
1968-1996 Professeur de philosophie à Paris X-Nanterre puis à Paris I-Panthéon Sorbonne à partir de 1988
1973 Publication de sa thèse Le Monstre dans l’art occidental (un problème esthétique), éditions Klincksieck
Jusqu’en 2008 Participe à l’émission Les Papous dans la tête sur France Culture. Collabore également aux Décraqués et Panorama jusqu’à leur suppression
2005 Nommé régent du collège de pataphysique
2014 Expose sa collection au Musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun
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Gilbert Lascault, discret délirant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : Gilbert Lascault, discret délirant