Nomination

Gérard Araud, président des Amis du Louvre

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 19 juin 2024 - 573 mots

C’est une figure inhabituelle dans le monde feutré des musées qui a été élue à la tête de la Société des « amis ».

1953 Gérard Araud naît à Marseille, une origine provençale qu’il revendique souvent pour expliquer son franc-parler. Élevé par une mère au foyer, et un père cadre commercial, son parcours scolaire l’amène jusqu’à l’école polytechnique. Il bifurque immédiatement vers la politique, en intégrant Sciences Po Paris, puis la promotion 1980-82 de l’ENA, pour «échapper à un destin d’ingénieur ».

1982 Le jeune énarque choisit le corps diplomatique. Il commence sa carrière à l’ambassade de France en Israël, puis rejoint le centre d’analyse du Quai d’Orsay où il est chargé du Moyen-Orient. Cette région sera un fil rouge dans la carrière du diplomate, qui devient ensuite conseiller de l’ambassadeur de France aux États-Unis durant la guerre du Golfe, puis ambassadeur à Tel-Aviv en 2003. Il incarne une rupture avec la diplomatie traditionnellement pro-arabe de la France, préférant un positionnement de « ligne de crête » et un alignement sur l’Otan. Plus tard, tout juste retraité de la diplomatie, en 2019, il qualifiera néanmoins d’« apartheid » la situation en Cisjordanie.

2009 Après un retour à Paris en tant que directeur général des affaires politiques et de sécurité, de 2006 à 2009, il décroche l’un des postes les plus convoités de la diplomatie, celui de représentant permanent de la France au Conseil de sécurité. Au siège des Nations unies, il se fait remarquer pour son sens de la formule et sa liberté de parole. Il se crée également une réputation de néo-conservateur. Parfois qualifié de « va-t-en-guerre », il parviendra en 2011 à faire passer hâtivement la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, autorisant l’intervention militaire en Libye souhaitée par Nicolas Sarkozy.

2014 Après avoir refusé plusieurs fois le poste, Gérard Araud accepte d’endosser le costume d’ambassadeur de France aux États-Unis. À Washington, dont il ne goûte que peu l’ambiance administrative et très politique, ses réceptions à l’ambassade deviennent incontournables. En 2016, le diplomate réagit à chaud sur son compte Twitter, en apprenant l’élection de Donald Trump : « Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige. » Cette prise de position peu diplomate, à l’égard d’une administration avec laquelle il devra travailler, crée des remous aux États-Unis comme au Quai d’Orsay, mais ne lui coûte pas son poste. En 2017, Gérard Araud se rapproche du candidat Emmanuel Macron, qu’il conseillera sur la diplomatie.

2024 Gérard Araud prend sa retraite de la diplomatie française en 2019. Direction le secteur privé, et l’entreprise de Richard Attias, basée à New York, qui organise événements internationaux et conseille des États. L’ancien ambassadeur conseille également l’entreprise israélienne NSO Group, qui commercialise le logiciel espion Pegasus, et fera à ce titre l’objet de vérifications de la part de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Ces tracas ne l’empêchent pas de s’imposer comme une figure médiatique, chroniqueur dans l’hebdomadaire Le Point, invité régulier des plateaux télévisés de « C dans l’air » ou de la chaîne LCI. En juin 2024, le diplomate retraité gagne une nouvelle casquette, en se faisant élire président de la Société des amis du Louvre. Visiteur assidu des vernissages new-yorkais, partageant sa vie avec un photographe, Gérard Araud n’est pas étranger au monde de l’art. Mais ce sont bien sûr ses talents de diplomate, et ses connexions américaines – important vivier de donateurs pour le musée – que les amis du Louvre comptent pour animer leur levée de fonds.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°636 du 21 juin 2024, avec le titre suivant : Gérard Araud, président des Amis du Louvre

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