François Curlet - Artiste

Citant volontiers Broodthaers, initiant des échanges avec Jef Geys, il trouve dans ce pays « entre-deux » une ambiance qui lui convient. « Son travail est avant tout poétique, il fonctionne comme les rêves et les mots d’esprit. Il fusionne et télescope des termes antagonistes selon les mécanismes découverts par Freud », explique Denis Gielen, directeur du Mac’s au Grand-Hornu, qui lui consacre une importante rétrospective, sa première monographie institutionnelle dans son pays d’adoption. Une place de choix est donnée à ses productions d’objets tirés du quotidien. Rêveur éveillé, « acrobate de la reconversion » comme il aime à se définir, il dynamite en douceur les codes sociaux et moraux de notre époque. Face au flux d’images qui nous assaille, il tente de trouver une « autre vitesse », un autre tempo qui permette de prendre du recul. On découvre également dans l’exposition ses séries de peintures métalliques initiées en 2013 et tirées de chutes de l’industrie qu’il qualifie de « fantômes de la productivité ». « C’est l’inconscient de la production industrielle qui revient sous forme décorative », précise l’artiste. Depuis une dizaine d’années, il produit de moins en moins d’objets et consacre une grande partie de son temps à la réalisation cinématographique. Plongeant le spectateur dans des univers décalés, ses films lui permettent d’explorer par d’autres voies son goût pour la mise en scène et la mise en fable du réel.