Quelles idées sous-tendent le mobilier des années 1970 ?
Les années 1965-1975 voient le développement d’un courant contestataire, ultrapolitique, qui revendique une maîtrise de l’obsolescence. Les notions de patrimoine ou de transmission deviennent caduques. On ne construit plus pour durer, démarche qui guidera une esthétique. L’idée de meubles fonctionnels est abandonnée au profit du « paysage domestique ». On introduit des bribes de nature via des luminaires en forme de nuage, ou le portemanteau cactus de Franco Mello et Guido Drocco. Il y a un discours derrière chaque forme.
Cette fragilité intrinsèque et une certaine dimension conceptuelle ont-elles freiné les collectionneurs ?
Les plastiques de l’époque étaient effectivement fragiles et d’une certaine façon, il y avait une convergence entre la faiblesse des moyens et le discours. Mais les gens n’ont rien à faire aujourd’hui du manifeste. Par exemple, on vendra plus facilement à 12 000 euros un Cactus réédité répondant aux normes, alors qu’une pièce originale reste invendue à 2 500 euros.
Les rééditions ont-elles nui à ce marché ?
Les puristes trouvent que les rééditions ont nui au côté sacré du manifeste et atténué leur empressement. Par exemple, le fauteuil Joe, en forme de gant de base-ball, de Pas-D’Urbino-Lomazzi, avait un message politique. D’une certaine façon, on s’asseyait sur la culture américaine. Cette pièce n’a jamais cessé d’être éditée. Le modèle en cuir brun vaut aujourd’hui autour de 7 000-8 000 euros. Si ce siège n’avait pas été réédité, il vaudrait dans les 30 000 euros.
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Fabien Naudan : « Un discours derrière chaque forme »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°264 du 7 septembre 2007, avec le titre suivant : Fabien Naudan : « Un discours derrière chaque forme »