En Espagne, la politique anti-corrida gagne du terrain

Espagne. Ernest Urtasun marque une nouvelle étape dans sa lutte contre la tauromachie : le ministre de la Culture a annulé l’édition 2024 du Prix national taurin pour cause de « torture animale » et a entamé les procédures pour son annulation définitive. Le prix, dépendant de la direction générale des Beaux-Arts, remet depuis 2013 une somme de 30 000 euros à une personne, une entité ou une institution du secteur de la tauromachie pour l’exercice de ses activités. Vicente Barrera (Vox), vice-président et responsable de la Culture de la communauté valencienne, lui-même torero de profession, a annoncé que la région assurera provisoirement à ses frais le Prix taurin, en réponse à « la censure et à la pensée unique » du gouvernement, a-t-il déclaré depuis Bruxelles.

Si les pouvoirs publics espagnols ont l’obligation de garantir la conservation et la promotion de la tauromachie, patrimoine culturel immatériel depuis 2013, dans les faits, la population espagnole s’en désintéresse progessivement et souhaite de plus en plus son interdiction : 45 % des Espagnols seraient favorables à son interdiction en 2024, contre seulement 25 % à sa promotion, tandis que les 30 % restants estiment qu’il ne faut ni interdire ni encourager la corrida, d’après Statista. Dans les faits, seulement 1,9 % des Espagnols ont assisté à un spectacle ou à une célébration taurine entre 2021 et 2022, soit 5,9 points de moins par rapport à 2019, selon les statistiques des affaires taurines.

Si la disparition de la tauromachie est improbable, sa promotion par l’État s’étiole. Les dix-sept communautés autonomes sont particulièrement divisées sur le sujet. Madrid, Estrémadure, Aragon et Castilla-La Manche se sont placées du côté de Valence pour assurer ensemble le maintien d’un prix taurin, alors que la pratique de la corrida est interdite aux Canaries depuis 2011 et l’était en Catalogne entre 2010 et 2016.