La Fondation Beyeler expose l’une des grandes figures de l’abstraction américaine, Ellsworth Kelly. Né en 1923, les débuts de sa carrière se déroulent entre New York et Paris où il séjourne de 1948 à 1954. Intéressé entre autres par l’architecture romane, par le travail de Brancusi ou encore de Arp qu’il a rencontré, il s’éloigne des visées de l’abstraction picturale pour s’attacher à l’objet, la structure.
Dès lors, ses peintures questionnent moins une abstraction comprise comme écriture picturale personnelle que les possibilités de présenter un objet sous une forme personnelle. Kelly explique l’emploi qu’il fait de la couleur et le caractère fragmenté de ses peintures-objets, par l’observation des formes naturelles comme celles des scarabées, des oiseaux, des feuilles, des poissons, plutôt que par une influence de De Stijl ou des constructivistes. Tout comme chez Arp, son abstraction part des formes de la nature et retourne à leur essence. Il s’agit non pas de représenter sur une toile la vision abstraite d’un objet mais de « présenter » un objet dans un alphabet propre à la peinture : « Ligne, Forme, Couleur », pour reprendre le titre qu’il avait lui-même projeté de donner à un livre resté finalement inachevé. Dans ses notes de 1969, Kelly écrit : « les signes sur les panneaux m’intéressent moins que la présence des panneaux eux-mêmes ». En dérive une des particularités des peintures de Kelly : leur rapport avec l’espace réel. L’artiste développe d’ailleurs de façon parallèle une activité de peintre et de sculpteur. Pour sa première exposition personnelle en Suisse, il a conçu une sculpture qui sera installée dans le parc, tandis qu’il a agencé, en relation avec l’espace du musée, une série d’œuvres réalisées entre 1956 et 2002. On pourra notamment voir pour la première fois rassemblées, au nombre de neuf, les Curves des années 80 et 90.
- BALE, Fondation Beyeler, Baselstrasse 77, tél. 61 645 97 00, 15 septembre-19 janvier.
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Ellsworth Kelly : la peinture en présence
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°539 du 1 septembre 2002, avec le titre suivant : Ellsworth Kelly : la peinture en présence