La FIAC 2006 s’installe au centre de Paris et prend l’air aux Tuileries. Une quinzaine de sculptures contemporaines, imposantes et étonnantes, viennent animer le jardin.
Délaissant la froideur industrielle de la porte de Versailles, la FIAC 2006 s’ouvre sur quelques-uns des plus beaux monuments de Paris. Entre la Cour carrée du Louvre et le Grand Palais, le jardin des Tuileries, en partenariat avec le Louvre qui en a la tutelle, propose une promenade aussi bucolique qu’artistique. De quoi réjouir les passants curieux tout autant que les promeneurs avisés : une quinzaine d’œuvres les accompagnent, et viennent naturellement s’ajouter aux sculptures pérennes installées dans les lieux. Elles s’épanouissent dans les bosquets, surprennent dans les fontaines, se cachent dans les allées… Les galeries participant à la FIAC ont soumis différents projets au comité de sélection de la foire qui en a retenu une quinzaine selon le cahier des charges qu’impose un lieu protégé. L’ensemble réunit des œuvres internationales d’artistes de différentes générations, des pièces inédites ou réactivées pour l’occasion. Pour commencer, une installation de Richard Long (Galerie Tucci Russo, Turin) datant de 2002 serpente en longueur : 47 mètres d’art au sol. I’m Alive, de Tony Cragg (galerie Thaddaeus Ropac, Salzbourg, Paris) – l’un des représentants de la sculpture anglaise –, semble, elle, prête à s’enrouler de toute sa masse, trônant tel un escargot sur la pelouse. Non sans humour, Alain Bublex (galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, Paris) y a installé une baraque à frites : elle est constamment fermée, mais toujours pour de bonnes raisons. Les deux massifs Sumos de David Mach (Galerie Jérôme de Noirmont, Paris) auraient-ils provoqué une rupture de stock ? Sans doute un peu nerveux, les voilà prêts à s’attaquer à un conteneur bien plus gros qu’eux. Quant à l’Atelier Van Lieshout (Galerie Krinzinger, Vienne), avec ses personnages de résine entrelacés, il tente d’inspirer un appétit plus charnel aux visiteurs du jardin. Qui, d’ailleurs, a égaré un collier géant dans les branchages des arbres des Tuileries ? Jean-Michel Othoniel (galerie Emmanuel Perrotin, Paris, Miami) n’est autre que l’auteur de cette sculpture qui se passe d’un socle traditionnel.
Bronze aérien
Frank Scurti (galerie Anne de Villepoix, Paris) joue, lui, sur la notion de sculpture publique. Il propose un stéréotype de monument digne d’un rond-point : une représentation du symbole de l’infini. Mais, comble de l’ironie, l’œuvre en question a déjà intégré les tags auxquels elle s’expose inévitablement dans l’espace public. Autre poncif artistiquement détourné : l’utilisation du bronze. Pendant que Kristof Kintera (galerie Schleicher Lange, Paris) se joue du paysage en empilant des canettes de Fanta, l’Indien Subodh Gupta (galerie Art & Public, Genève) nous offre une vertigineuse colonne digne d’un Brancusi, sauf que celle-ci est composée de seaux… – certes en bronze !
De bronze ou d’alu, la légère colonne de Franz West (Galerie E&K Thoman, Innsbruck) zigzague quant à elle vers le ciel. Aussi légers, des drapeaux flottants sont signés du Cubain Wilfredo Prieto (galeries Nogueras Blanchard, Barcelone, et Martin Van Zomeren, Amsterdam). Et, le long du parcours, un artiste nous offre même la « lune », accessible à bout de bras ou presque : cette sphère gonflable de 4 mètres de diamètre de Bruno Peinado (Galerie Loevenbruck, Paris) éclaire le passant égaré jusqu’au-delà des horaires d’ouverture du jardin. Tout aussi gonflé, Gérard Deschamps (Galerie Martine & Thibault de La Châtre, Paris) nous parle de « L’insoutenable légèreté d’une île » avec une sculpture flottant à la surface du bassin des Tuileries. C’est au même endroit que Lotta Hannerz (galerie Claudine Papillon, Paris) a laissé un outil censé mesurer le niveau de l’eau ! Un peu plus loin, la fluidité d’une Fontaine de Bertrand Lavier (galerie Kewenig, Cologne) faite de tuyaux d’arrosage multicolores attire notre attention. De quoi savourer les fraîcheurs automnales et se dépayser en beauté entre les deux sites de la FIAC.
à Paris, du mardi 24 au lundi 30 octobre, de 7h30 à 19h.
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D’un Palais à l’autre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°245 du 20 octobre 2006, avec le titre suivant : D’un Palais à l’autre