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Du côté du contemporain

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 31 mars 2006 - 707 mots

Les Fonds régionaux d’art contemporain ont essuyé en 2005 des coupes budgétaires dans des enveloppes déjà modestes. Le Fonds national d’art contemporain a commencé à réorienter sa politique. État des lieux.

Une année mitigée, tel aura été 2005 pour les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC). Victimes d’un collectif budgétaire, nombre de ces institutions financées à parité (sauf exception) par l’État et les Régions ont dû réduire leurs acquisitions. Sur les vingt-deux FRAC, quelques-uns n’ont même procédé à aucun achat cette année, comme en Poitou-Charentes, dans le Nord-Pas-de-Calais ou en Franche-Comté. Pourtant, l’acquisition de pièces constitue l’une des premières missions de ces outils incontournables pour la diffusion de l’art contemporain sur le territoire national. La levée de boucliers de leurs présidents (lire le JdA no 232, 3 mars 2006) est d’autant plus compréhensible que les sommes en jeu restent relativement modestes. Le prix des œuvres achetées se situe en général au maximum dans une enveloppe de 20 000 à 30 000 euros. Selon nos informations, l’œuvre la plus onéreuse acquise par un FRAC en 2005 est No Roof but the Sky (2005), une peinture motorisée réalisée lors de sa résidence à Reims par Franz Ackermann et achetée 74 900 euros par le FRAC Champagne-Ardenne. Et encore, si un acompte a été versé en 2005, l’institution est en négociation pour répartir cette acquisition sur ses budgets 2006 voire 2007. Beaucoup de FRAC achètent d’ailleurs les œuvres qu’ils produisent pour des expositions. « [Passer commande] nous permet non seulement d’accompagner la création en temps réel, mais aussi de “tester”, en quelque sorte, l’œuvre, souligne Eva González-Sancho, directrice du FRAC Bourgogne. Le lieu d’exposition à Dijon est notamment consacré à la présentation d’œuvres nouvelles, qui rentreront ou pas par la suite dans notre collection. Je suis convaincue que ce modus operandi nous permet à la fois d’être réellement sûrs de nos choix et d’acquérir de façon plus économique, le marché devenant de moins en moins accessible pour beaucoup de collections publiques telles que la nôtre. » Les FRAC achètent beaucoup d’œuvres en dessous des 10 000 euros, en particulier à de jeunes artistes. Les montants en jeu n’ont donc évidemment rien de comparable avec les prix à six ou sept chiffres des acquisitions des grands musées.

Artistes de la région
Certains FRAC ont des axes bien définis, comme celui de la Région Centre avec l’architecture ou celui de Picardie avec le dessin et la vidéo. Le premier a acheté en 2005 des maquettes de Nox et R & Sie, le second des dessins de Gilles Barbier et Chloe Piene et des vidéos de Hans Op De Beeck et Christophe Girardet. Parmi les acquisitions remarquables cette année figurent des pièces de Simone Decker (Languedoc), Subodh Gupta (Corse), Claude Lévêque (Auvergne), Cécile Bart (Bourgogne), Carole Benzaken (Alsace), Didier Marcel (Limousin), Neal Beggs (Lorraine), Wolf Vostell (Haute-Normandie), Gloria Friedmann (Basse-Normandie), Thomas Huber (Pays de la Loire), Jeremy Deller (Provence-Alpes-Côte d’Azur) ou Saâdane Afif (Rhône-Alpes). Les FRAC sont aussi extrêmement attentifs aux artistes actifs dans leur région. Ainsi, Marc Donnadieu, directeur du FRAC Haute-Normandie, insiste plus particulièrement sur l’acquisition cette année de « deux séries d’œuvres sur papier d’un plasticien haut-normand, Pierre Creton, par ailleurs cinéaste, et dont le dernier film, Secteur 545, a reçu un vif succès ».

Problèmes de stockage
De son côté, le Fonds national d’art contemporain (FNAC) a innové en 2005 en organisant une commission d’acquisition sur la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), à Paris. Il y a par exemple acquis une œuvre de Jean-Pierre Bertrand. Par cette nouvelle façon de travailler, rapide et spontanée, cet organisme entend « apporter aux galeries une aide économique », selon Chantal Cusin-Berche, directrice du Centre national des arts plastiques (CNAP). L’expérience sera reconduite à l’automne. La directrice attire également l’attention sur une réorientation de la politique d’acquisition du FNAC vers davantage de peinture et de dessin, pour disposer de « pièces à accrocher aux murs » et rééquilibrer la collection, qui s’est beaucoup enrichie d’installations ces dernières années (des créations qui posent inévitablement des problèmes de stockage).
Pourtant, le FNAC a encore acheté en 2005 deux pièces monumentales, de Wang Du et de Liam Gillick. À part lui, les institutions capables d’acquérir de telles œuvres en France se comptent sur les doigts d’une main.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°234 du 31 mars 2006, avec le titre suivant : Du côté du contemporain

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