Parce qu’il a perdu sa Juliette, le patron de la péniche L’Atalante erre sans but. Soudain il court vers la mer, laquelle perce dans le film une trouée neuve après une heure de canaux et d’écluses.
Lui-même tranche dans la réalité une drôle d’oblique, ni directement vers le rivage, ni dans la convergence des perspectives. Cela dure. Aucun plan n’avait encore à ce point duré. Et puis... Le mot anglais pour « contrechamp » dit mieux l’effet provoqué : c’est un puissant reverse shot que l’on se prend en pleine course. Celle-ci d’ailleurs n’a pas cessé. En plus d’une tricherie flagrante sur les proportions, la brusquerie du passage fait en nous un « plop », comme ces bulles invisibles qui dans l’air marin gonflent et se crèvent sans cesse. Cette émotion est le seul élément de vérité dans un choix de montage anti-naturaliste. Cette plage n’existe pas et l’homme de la navigation fluviale, de l’écoulement normal du temps, n’a rien à faire dans l’éternel présent de la mer. Il va s’agir de retrouver Juliette afin de l’aimer au fil des jours.
- L’intégrale Jean Vigo, sept heures de visionnage, Gaumont-DVD, environ 30,50 euros.
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Deux plans de L’Atalante
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°534 du 1 mars 2002, avec le titre suivant : Deux plans de L’Atalante