FRANCE
Alors que la situation sanitaire complique encore les voyages transatlantiques, les visites en ligne commentées tentent de ramener le public américain vers le patrimoine français, à commencer par Versailles.
New York. Comment inciter les Américains à retrouver le chemin des châteaux, des cathédrales et des musées français après plus d’un an de fermeture des frontières et de voyages empêchés ? C’est l’un des défis du moment pour le secteur du patrimoine, lourdement affecté par la crise sanitaire, qui dépend en bonne part de ses touristes et mécènes venus d’outre-Atlantique. À Versailles, les Américains étaient jusqu’en 2019 le premier public étranger : « Depuis le XVIIIe siècle, il existe des liens très forts entre le château de Versailles et les États-Unis, commente Catherine Pégard, présidente de l’établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Alors que la pandémie a marqué un arrêt brutal et forcé de ces échanges, nous souhaitons retrouver ce lien singulier et le faire vivre des deux côtés de l’océan. »
Pour ce faire, Versailles, comme beaucoup d’institutions similaires, mise sur les visites virtuelles commentées pour reprendre contact avec sa communauté américaine. Le 7 octobre, le château a inauguré la « French Heritage Series », une série de visites en ligne proposée par les services culturels de l’ambassade de France aux États-Unis en partenariat avec Atout France, l’agence française de développement touristique. La série vise « à nourrir le lien qu’entretiennent les sites et monuments patrimoniaux français avec leur public outre-Atlantique en anticipation de la reprise progressive », explique Gaëtan Bruel, conseiller culturel. Pendant près d’une heure, 400 spectateurs américains ont pu arpenter virtuellement les appartements du château au cours d’une visite sur le thème de la matinée du roi : la promenade dans les salons était préenregistrée, mais une conférencière la commentait en direct et répondait à leurs questions.
« L’événement permettait aussi de découvrir les grandes actualités du château », ajoute Amandine Roggeman, chargée de projet mécénat international à Versailles : les expositions du moment comme les grands chantiers de restauration, celui du bosquet de la Reine, qui avait sollicité de nombreux donateurs américains, et celui de la chapelle royale, qui concluait le parcours. « Ce format a rencontré un vif succès, montrant que le public américain est encore une fois au rendez-vous », poursuit-elle. Catherine Pégard espère quant à elle qu’il puisse « donner à tous l’envie de redécouvrir le château de Versailles ». « Ces outils numériques sont une formidable porte d’entrée, appuie Gaëtan Bruel. Ils permettent de découvrir le patrimoine et compléter, prolonger ou préparer une expérience de visite in situ. »
Après Versailles, les prochains épisodes mettront à l’honneur plusieurs monuments gérés par le Centre des monuments nationaux : la Sainte-Chapelle à Paris, la villa E-1027 d’Eileen Gray et la villa Kérylos, toutes deux dans les Alpes-Maritimes. « Le format immersif et l’interactivité permise par ce type de visite ouvrent le champ des possibles en donnant par exemple accès à des espaces fermés habituellement à la visite ou en donnant à voir des détails inédits », poursuit Gaëtan Bruel. Ces avantages ont également convaincu d’autres institutions culturelles comme le French Institute Alliance française (Fiaf) à New York, qui a lancé sa propre série de visites virtuelles au cours de la pandémie.
« À une époque où nous étions confinés et rêvions de voyager, nous avons voulu offrir à notre communauté américaine la possibilité de découvrir de nouveaux sites patrimoniaux de l’autre côté de l’Atlantique », détaille Mathilde Augé, directrice de la programmation du Fiaf. Leurs visites les plus récentes, sur le mode de la discussion avec des connaisseurs des lieux, ont emmené chaque fois quelque 300 spectateurs à la découverte du château de Haroué (au sud de Nancy), de l’architecture de Bordeaux et de Boulogne-Billancourt, ou encore de grandes figures noires ayant marqué l’histoire du 5e arrondissement parisien.« C’est pour nous l’occasion de remplir notre mission en faisant découvrir au public des pépites méconnues, un patrimoine riche et divers qui ne se limite pas aux sites les plus renommés, conclut Mathilde Augé. C’est ce qu’il nous fallait pour nous retrouver autour de notre amour commun du patrimoine français. »
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Des visites virtuelles pour renouer le lien avec les États-Unis
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°577 du 12 novembre 2021, avec le titre suivant : Des visites virtuelles pour renouer le lien avec les États-Unis