Restitutions

RÉACTIONS

Des propositions accueillies fraîchement

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 28 novembre 2018 - 359 mots

PARIS

Le rapport Sarr-Savoy jugé partial a déclenché une première salve de critiques.

Paris. Alors que des passages entiers du rapport ont fuité plusieurs jours avant sa remise officielle au président Emmanuel Macron le 23 novembre, sa teneur polémique a logiquement suscité de vives réactions, critiquant le rapport tant sur le fond que sur la forme. Le président de la République, dans la foulée de la remise du rapport, a décidé de suivre une partie des préconisations de Felwine Sarr et Bénédicte Savoy en annonçant la restitution de 26 œuvres conservées au Musée du quai Branly-Jacques Chirac, issues d’un raid militaire sur le palais de Béhanzin au Dahomey en 1892 au Bénin qui les réclamait de longue date.

Cette restitution, décidée sur « proposition » de Stéphane Martin, n’a pas empêché le directeur du Musée du quai Branly de critiquer vertement sur Europe 1 un « rapport qui n’aime pas beaucoup les musées, et qui est surtout un travail mémoriel, intéressant d’ailleurs, (…) mais qui assimile finalement les musées occidentaux à des symboles de la colonisation qu’il faudrait mettre à bas ». Son de cloche similaire chez Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture : dans une tribune publiée dans Le Figaro, il fustige un rapport qui « constitue, plutôt, un véritable manifeste, dont les attendus et les conclusions sont soutenus par la conviction préalable et les engagements de ses auteurs. La place qui y est donnée à la contradiction ou, au moins, au développement d’opinions réservées est extrêmement faible ».« La mise en œuvre des recommandations aurait pour effet de vider les collections africaines des musées français », poursuit l’ancien ministre.

Julien Volper, conservateur au Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren en Belgique, s’exprimant en son nom propre sur RFI, rappelle que « le Musée Tervuren a fait à l’époque de Mobutu un transfert de collections : il y a 114 objets qui sont partis. En 2017, nous avons refait un inventaire, il en restait 21. Cela nous rend frileux et prudents .»

Stéphane Martin plaide cependant « la construction d’une communauté mondiale de l’art, des musées, du partage » et « un dialogue entre responsables de musées, responsables culturels pour assurer une meilleure présence du patrimoine culturel en Afrique ».

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°512 du 30 novembre 2018, avec le titre suivant : Des propositions accueillies fraîchement

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