Des extrémistes orthodoxes tentent d’incendier un studio de cinéma à Saint-Pétersbourg

L’attaque contre le studio de cinéma ROK qui s’est déroulée à 3h30 du matin, n’a causé que des dégâts légers. L’incendie a été éteint au bout de cinq minutes. Jeudi, la télévision russe montrait des vitres brisées et quelques traces de fumées sur les murs du bâtiment classé monument historique. Une caméra de surveillance a filmé l’attaque. On y voit deux hommes jetant rapidement trois cocktails Molotov, puis prendre la fuite. Vendredi, la police ne les avait pas encore interpellés.

La date du 31 août semble avoir été choisie parce qu’elle correspond à l’anniversaire des 66 ans du réalisateur Alexeï Outchitel, qui se trouve coïncider avec celui du personnage historique de Mathilda. Il s’agit probablement du premier passage à l’acte des adversaires du film racontant la liaison du dernier Tsar russe Nikolaï II avec une jeune ballerine.

Des orthodoxes fondamentalistes exigent depuis plusieurs mois l’interdiction de Mathilda et la condamnation de ses auteurs pour offense aux sentiments religieux. L’existence d’une liaison entre Nikolaï II et Mathilda est pourtant documentée et confirmée par l’ensemble des historiens. Mais les fanatiques orthodoxes ne veulent rien savoir, car le Tsar a été béatifié par le patriarcat de Moscou.

Le réalisateur Alexeï Outchitel voit dans l’attaque un geste de frustration. « Dès que le film a reçu le visa d’exploitation (…) les gens luttant contre le film ont réalisé qu’ils avaient perdu. Ils cherchent désormais à déstabiliser la situation et passent aux actions illégales ». Le réalisateur a publié une lettre ouverte jeudi soir demandant à ce que le ministère de l’intérieur et le FSB (sécurité d’État) assurent la sécurité des spectateurs du film, qui doit sortir en octobre. Un groupe extrémiste avait au printemps promis d’incendier les salles projetant le film.

La député ultra-orthodoxe Natalia Poklonskaïa, cheffe de file des adversaires de Mathilda, déclarait vendredi matin dans le quotidien Kommersant que « le film peut provoquer n’importe quelle manifestation d’extrémisme ».

Mathilda ayant été financé par l’État, le ministre de la culture se trouve forcé à jouer les équilibristes. Vladimir Medinsky, qui encourage les initiatives les plus conservatrices, est un proche de Tikhon Chevkounov, le directeur de conscience de Vladimir Poutine et le chef de file de l’aile ultra-conservatrice du patriarcat orthodoxe. Officiellement, le patriarcat de Moscou voit d’un mauvais œil Mathilda, mais ne soutient pas non plus Natalia Poklonskaïa.