Deux statues en bronze d’époque romaine ont été trouvées par un plongeur amateur, au large du Cap-d’Agde. Actuellement en cours de traitement au laboratoire Arc’Antique, à Nantes, elles seront ensuite exposées au Musée du Cap-d’Agde. Il s’agit d’une découverte majeure.
CAP-D’AGDE - La déclaration de l’archéologue français Salomon Reinach, qui affirmait au siècle dernier que la mer reste le plus grand musée du monde, est toujours d’actualité. Nicolas Figuerolles, plongeur amateur, vient en effet de découvrir, à plusieurs centaines de mètres au large du Cap-d’Agde, deux statues en bronze, à peine enfouies dans le sable à huit mètres en profondeur. Les pièces correspondent à un certain type de statuaire, de dimension moyenne, appréciée des Romains pour la décoration des maisons ou villas, et seraient originaires de la Campanie. Mesurant près de 80 centimètres de haut, l’une d’elles représente un jeune Romain debout, appuyé sur la jambe droite, datée entre l’époque hellénistique tardive (Ier siècle av. J.-C.) et le début du Haut Empire (Ier siècle). Remarquablement conservée, à l’exception du bras gauche brisé au niveau du poignet – il devait tenir un animal familier, peut-être un oiseau, vers lequel l’index de la main droite est tendu –, elle est d’excellente facture et finement ciselée. Les yeux ont vraisemblablement été réalisés à part et incrustés. Coiffé d’un ruban richement orné, il arbore une tunique courte, serrée à la taille, et un manteau rejeté dans le dos, une manière de porter le vêtement conforme à celle des cavaliers romains – une façon de souligner que le personnage n’était plus un enfant ou de marquer son statut social. Moins originale et de dimension plus modeste (65 centimètres), la deuxième figure représente un Amour soudé sur une base ronde. Celle-ci est décorée d’un tore et d’un quart-de-rond, détail qui permet de la dater du Ier siècle avant J.-C. Si la tête et la chevelure sont de belle qualité, le corps comporte de nombreux défauts corrigés après coup ; les ailes et les bras ont été coulés à part.
Il est possible que les statues se soient trouvées dans la cargaison d’un même navire. Les recherches entreprises sur le terrain par une équipe de plongeurs du DRASSM (département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, ministère de la Culture), une équipe dirigée par Jean-Luc Maissy et Luc Long, n’ont révélé aucune trace d’épave, mais des fragments de céramiques et d’amphores isolées attestent de la fréquence des navires dans cette zone – sûrement un point de mouillage – entre le IVe siècle avant J.-C. et les périodes tardives du Bas Empire. Les archéologues n’ont encore aujourd’hui aucune certitude sur les circonstances de l’arrivée des statues : il s’agit peut-être d’un navire échoué dans l’obligation de se délester de toutes ses charges pour se dégager du sable, ou encore d’un navire naufragé, dont la coque déchirée par les lames a été détruite et les objets dispersés par la mer.
Importante récompense
Pour l’heure, les statues se trouvent au laboratoire Arc’Antique, à Nantes, où elles subissent divers examens préalables aux travaux de restauration, dont la partie la plus longue (au minimum six mois) consistera à éliminer les chlorures. À l’issue des travaux de consolidation et de finition, elles iront rejoindre le Musée du Cap-d’Agde, connu pour abriter l’Éphèbe d’Agde, une statue en bronze trouvée dans le lit de l’Hérault en 1964. L’inventeur devrait, quant à lui, recevoir une importante récompense du ministère de la Culture, comme le prévoit la loi de 1989 sur les biens culturels maritimes et l’arrêté du 8 février 1996.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Découverte des "enfants" de l’Éphèbe d’Agde
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°144 du 8 mars 2002, avec le titre suivant : Découverte des "enfants" de l’Éphèbe d’Agde