La richesse et la diversité des pièces exposées au Carrousel du Louvre permettront aux visiteurs de découvrir, en un même lieu, des chefs-d’œuvre dont nous proposons au cours de ces huit pages un aperçu. S’ajoute à cette sélection d’objets représentatifs de secteurs aussi divers que ceux des tableaux anciens et modernes, du mobilier classique et du XXe siècle en passant par l’art primitif et l’art d’Extrême-Orient, les livres anciens et les tapis et tapisseries, un ensemble de pièces qui figureront dans des expositions organisées en galeries, pendant la Biennale, par des marchands parisiens. Cette grande fête des antiquaires nous offre aussi l’occasion de prendre le pouls du marché de l’art mondial, en commentant, segment par segment, son évolution.
La France demeure une des places fortes dans le secteur des tableaux anciens en raison de la richesse de ses collections et de la qualité de ses marchands. Elle souffre néanmoins du manque de grandes ventes publiques. Ce segment de marché connaît depuis deux ou trois ans une très forte croissance. Les grands tableaux étant relativement rares, la cote de “vedettes” tels Pieter Bruegel le Jeune, Canaletto ou Joos de Momper ne cesse de grimper. Leurs prix atteignent aujourd’hui parfois ceux de tableaux modernes “moyens”. Ainsi des vedute, comme Le Grand Canal vu du Campo di San Vio de Canaletto qui a triplé son estimation à 6,6 millions de dollars (43,4 millions de francs) en janvier à New York, mais aussi des paysages et natures mortes flamands et hollandais. Les œuvres exceptionnelles de petits maîtres sont elles aussi touchées par cette frénésie d’achats. Une toile de Achille-Etna Michallon, Le Colysée à Rome, estimée 40-60 000 dollars, est partie à 189 000 dollars chez Sotheby’s New York en début d’année et une vue d’Italie de Jean-Joseph-Xavier Bidauld datant de 1789 à 250 000 dollars contre une estimation à 40 000 dollars.
Arcade de palais avec des personnages élégants par Dirck van Delen (1639, galerie Emmanuel Moatti) [1]
Dirck van Delen (1605-1671) a probablement été formé par Jacob Wynants. En tant que peintre d’architecture, il fut influencé par Hans Vredeman de Vries et plus tardivement par Bartholomeus van Bassan. On retrouve dans cette toile, jamais publiée, des motifs décoratifs repris dans un tableau, Cour d’un palais avec la reine Sheba agenouillée devant Salomon, conservé au Musée des beaux-arts de Lille.
Portrait de Sibylle de Cleve, Électrice de Saxe, par Lucas Cranach l’Ancien (1535, galerie de Jonckheere) [2]
Ami de Martin Luther, Lucas Cranach peignit des scènes religieuses et mythologiques, des nus et des portraits comme ce petit panneau (20,3 x 14,5 cm) exécuté en 1535. En 1505, il devient peintre de la cour des électeurs de Saxe dont il décore les châteaux, peignant leurs portraits et ceux de leurs épouses dont celui de Sibylle de Cleve. En 1508, Frédéric de Saxe accorde au peintre son blason au serpent ailé qui devient sa signature.
Danse autour de l’arbre de mai, par Pieter Bruegel III (1535, galerie Florence de Voldère) [3]
Cette scène de kermesse, pleine de fougue et d’énergie, est une invention originale de Pieter Bruegel d’Enfer, père de Pieter Bruegel III. La “patte” du fils est néanmoins reconnaissable à l’élongation des personnages. Cette toile sera présentée par Florence de Voldère, lors d’un salon à la gare d’Auteuil, du 15 septembre au 3 octobre. Elle figurera aux côtés de deux autres compositions, également exécutées par des membres de la dynastie Bruegel. La première est un Cortège de noces de Pieter Bruegel d’Enfer, la seconde un Paradis terrestre signé de Jan Bruegel le Jeune.
Pan et Syrinx, par Giulio Carpioni (fin des années 1660, galerie Canesso) [4]
Cette toile inédite suit fidèlement le récit des Métamorphoses d’Ovide. Syrinx poursuivie par Pan sur les bords du fleuve Ladon se transforma en roseau au moment où il allait l’attraper. Le dessin net et ciselé, la plastique dense et polie, donnent au tableau un ton presque XVIIIe et font de cette représentation un chef-d’œuvre des années de maturité du peintre.
Vingt-deux marchands viennent pour la première fois ou reviennent à la Biennale des Antiquaires. Découvrez leurs motivations au fil de cet abécédaire.
Avant-gardiste
Philippe DENYS. La très grande qualité de la clientèle, inhabituelle et internationale, le fait que la Biennale attire beaucoup de monde ont motivé mon retour. J’exposerai deux services à café de Jean-Émile Puiforcat (1930). Leurs dessins sont très modernistes : ce sont des pièces avant-gardistes, ce qui est rare en argenterie.
Brillant
VAN CLEEF & ARPELS. Nous revenons pour que la haute joaillerie se retrouve dans un univers de prestige. Le clip « Cadix » de Van Cleef & Arpels représente bien le savoir-faire de la maison et sa grande spécialité : « Le Serti mystérieux », composé de 517 rubis. Le centre, en brillants sur trembleur, donne au bijou un éclat particulier.
Colossal
Jean-Luc MECHICHE. Je renouvelle l’expérience parce qu’il s’agit d’une des plus grandes manifestations au monde, capable d’attirer de grands clients, décorateurs ou conservateurs de musées étrangers. J’ai sélectionné pour leur monumentalité une paire d’armoires de Chine en palissandre rouge (hauteur 3,10 m, largeur 1,85 m), de 1815-1830 et de provenance impériale.
Damasquiné
Pierre-Richard ROYER. N’ayant pas de galerie et travaillant sur rendez-vous, la Biennale est un moyen privilégié de rencontrer des nouveaux clients. J’y participe pour la première fois et j’exposerai un coffret français en fer et or (1570-1580), exécuté d’après les vignettes de Bernard Salomon illustrant Les Métamorphoses d’Ovide. Il a été entièrement damasquiné, ce qui est une particularité pour l’époque, et se trouve dans un excellent état de conservation.
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De Lucas Cranach à Vlaminck
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°110 du 8 septembre 2000, avec le titre suivant : De Lucas Cranach à Vlaminck