À Lyon, il sera bientôt plus agréable de se promener en sous-sol que sur les voies piétonnes. Il faut dire que l’attention mise dans l’aménagement des parkings construits par Lyon Parc Auto (LPA) est autrement plus convaincante que celle accordée aux espaces publics à l’air libre, comme en témoigne la triste rénovation de la rue de La République !
LYON - Conçu comme une vis sans fin par l’architecte Michel Targe, le Parc Célestins, qui ouvrira début décembre, déroule autour d’un puits central une voie d’accès hélicoïdale le long de laquelle s’ordonnent les 435 places destinées aux voitures. La remontée s’effectue selon un principe similaire, mais la spirale s’enroule cette fois dans le sens des aiguilles d’une montre. L’effet est saisissant, perturbant l’espace par un plan partout incliné, mais jamais labyrinthique en raison de sa construction linéaire.
Daniel Buren est intervenu sur les arcades du puits de remontée en les soulignant de ses fameuses rayures, qu’il a choisies noires et blanches. Elles apparaissent de manière fragmentaire lorsqu’on remonte en voiture et créent un effet de kaléidoscope. Mais l’originalité est de reconstituer l’ensemble grâce à miroir incliné, placé au fond du puits et visible d’un périscope installé sur la Place des Célestins. Un travail à effet d’optique que Daniel Buren décrit en ces termes : "Ce miroir, pivotant sur lui-même, tournera continuellement de façon à accentuer la réflexion du cylindre et, en même temps, suggérer la descente (et la montée) des voitures dans le parking". Fidèle à son travail, Daniel Buren a révélé l’architecture par une simple bande colorée et dévoile ses complexités par une machinerie baroquisante.
Un budget raisonnable
L’opération de séduction des usagers, mais aussi des riverains, lancée par LPA est d’envergure : la construction de 8 nouveaux parkings dans le centre-ville (et l’agrandissement de 3 autres) a été confiée à une équipe pluridisciplinaire. Jean-Michel Wilmotte, pour l’aménagement intérieur, et Yan D. Pennor’s, pour la signalétique, sont les membres permanents de cette équipe qui s’associe, pour chaque parc, à l’architecte et à l’artiste désignés sur appel d’offres restreint. Un projet initié par le publicitaire Georges Vernay-Carron, qui veut "faire comprendre aux ingénieurs qu’ils ne peuvent plus bétonner sans réfléchir", et a pour cela créé Art-Entreprise.
Cette politique entraîne un surcoût d’environ 10 %, essentiellement dû aux aménagements techniques. Sur les 60 millions de francs du coût global du Parc Célestins, l’œuvre de Daniel Buren aura coûté environ 1,5 million de francs, dont 350 000 francs d’honoraires pour l’artiste, "une enveloppe on ne peut plus raisonnable pour une œuvre pérenne" estime François Gindre, directeur de LPA.
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Daniel Buren en sous-sol
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : Daniel Buren en sous-sol