Claude Ruiz Picasso (1947-2023)

Claude Ruiz-Picasso, fils cadet du peintre espagnol Pablo Picasso (1881-1973), est décédé à Genève, en Suisse, à l’âge de 76 ans quelques mois après le décès de sa mère, Françoise Gilot (1921-2023), à l’âge de 101 ans, en juin dernier. 

Né le 15 mai 1947 à Boulogne-Billancourt, Claude Ruiz-Picasso a étudié en Angleterre, puis en France, avant d’aller vivre à New York entre 1967 et 1974, où il fut assistant du photographe Richard Avedon pendant un an et photojournaliste pour des magazines de mode tels que Vogue et TimeLife. 

En 1989, il a été nommé, par la justice, administrateur de la Succession Picasso. La Succession détient le monopole des droits d’auteur (moraux et patrimoniaux) et de marques, ainsi que des droits dérivés, gérés par l’intermédiaire d’une société, Picasso Administration, créée en 1995 par Claude Ruiz-Picasso. En juillet dernier, il avait décidé de céder la gestion de la Succession à sa sœur, Paloma Ruiz-Picasso. 

Les relations entre Claude et son père ont souvent été tendues, voire inexistantes. Picasso avait coupé tout contact avec ses enfants après la publication en 1964 du livre, Vivre avec Picasso, de Françoise Gilot et Carlton Lake, qu’il avait tenté de faire interdire. En 1969 Claude Picasso avait entamé une bataille judiciaire pour être reconnu comme son fils légitime et son héritier légal. Le tribunal avait statué en sa faveur, ainsi que celle de sa sœur Paloma, faisant d’eux les héritiers légaux de Picasso, un an après la mort de l’artiste (disparu sans laisser de testament). 

Ce n’était que la première des nombreuses batailles qui allaient suivre au sein de la famille Picasso au fil des décennies. Claude a été impliqué dans de nombreux conflits avec d’autres héritiers de Picasso, notamment Jacqueline Roque (1927-1986) – la deuxième femme de l’artiste, Maya Widmaier-Picasso – sa demi-sœur issue de la relation de Picasso avec Marie-Thérèse Walter, et les petits-enfants de Picasso, Marina et Bernard. 

La dispute la plus médiatisée a eu lieu en 1999 lorsque Claude a « vendu » le nom et la signature « Picasso » au constructeur automobile Peugeot-Citroën, qui a utilisé ces marques pour une voiture portant le nom de l’artiste. Marina Picasso l’a alors poursuivi, l’accusant de manquer de respect à « l’un des plus grands peintres, un génie ». Son cousin Olivier, à l'origine du contrat, a assuré que « les héritiers n'ont jamais voulu faire du merchandising : il s'est imposé à eux ». Selon la Succession Picasso, les millions versés chaque année par le constructeur aident Picasso Administration à traquer les fraudeurs et payer les procès.