Au nombre des commémorations qui ponctueront la fin du millénaire en Belgique, s’inscrit la commémoration du 500e anniversaire de la naissance de Charles Quint. D’apparence anodine, la célébration n’en constitue pas moins un enjeu politique dans une Belgique fédérale en proie aux nationalismes.
BRUXELLES (de notre correspondant) - Charles Quint se doutait-il qu’en naissant le 24 février 1500 dans la ville de Gand, il constituerait, cinq cents ans plus tard, un enjeu idéologique pour une Flandre qui rêve de grandeur ? Présenté avec faste par Luc Van den Brande, le ministre-président du gouvernement flamand toujours à la pointe du combat communautaire, le projet rencontre l’actualité politique. D’emblée, la flamandisation de Charles Quint s’opère en définissant un axe qui fera de Gand (où il est né), de Malines (où il a été élevé et a longtemps vécu) et de Bruxelles (où il a gouverné et abdiqué) les capitales d’une Flandre ressuscitée par l’histoire. Et la Communauté flamande a beaucoup investi pour faire du XVIe siècle l’amorce de l’“Empire flamand” du XXIe siècle. Au-delà des budgets de fonctionnement annuels, l’exécutif mené par Luc Van den Brande a dégagé près de 240 millions de francs belges pour donner à Kaizer Karel 2000 tout le lustre souhaité.
Le programme atteste d’une réelle diversité et d’une grande richesse. À Gand, après le week-end d’ouverture du 10 septembre qui verra la ville en fête, se tiendront plusieurs manifestations. L’abbaye Saint-Pierre présentera l’exposition historique en collaboration avec le Musée historique de Vienne et le Prado, tandis que le Musée des beaux-arts montrera comment la figure de Charles Quint a été utilisée au XIXe siècle pour cimenter la conscience nationale d’une Belgique en voie de formation. À Malines, les tapisseries de la collection de Charles Quint seront présentées au Centre culturel. À Bruxelles, le XVIe siècle sera mis à l’honneur en tant que siècle de l’utopie. Bien loin de Charles Quint, le Palais des beaux-arts proposera une exposition consacrée au langage et à l’utopie dans l’art du XXe siècle. La liste n’est pas exhaustive puisque l’Empereur, que Voltaire comparait à Charlemagne, sera prétexte à nombre d’événements, allant de la kermesse à la danse contemporaine en passant par la musique, la télévision expérimentale et autres cortèges historiques. Ainsi, la Flandre espère-t-elle trouver dans celui qui a organisé la répression religieuse et écrasé sa chère ville de Gand une figure “privilégiée pour entrer dans le XXIe siècle”. Mais est-ce réellement un bon présage ?
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Charles Quint, tête de liste au XXIe
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°81 du 16 avril 1999, avec le titre suivant : Charles Quint, tête de liste au XXIe