Caroline Mille est entrée chez Alcatel en 1995. Directeur de la communication du groupe, elle a la responsabilité de l’image d’Alcatel, de la communication interne et externe, du développement durable et des relations presse. Caroline Mille commente l’actualité.
Nous assistons en France à un regain d’actions de mécénat. De plus en plus d’entreprises s’intéressent à la culture et s’y engagent. Comment expliquez-vous ce mouvement ?
Les entreprises s’intéressent de plus en plus à leur responsabilité et à leur influence dans leur environnement. Dans cette approche, dite du « développement durable », l’entreprise est consciente de sa responsabilité vis-à-vis de l’ensemble des parties prenantes avec lesquelles elle interagit. Parmi ces parties prenantes figurent les collectivités locales du territoire dans lequel l’entreprise est inscrite. Les grands secteurs dans lesquels les entreprises peuvent intervenir concernent par exemple l’éducation, la culture et la santé. La culture est un des éléments importants de rencontre entre les entreprises et leur environnement, pour leurs salariés, mais aussi pour les actionnaires et les clients... Il s’agit de montrer que l’on se sent une responsabilité de citoyen au-delà du seul aspect classique, à savoir le business.
Beaucoup d’entreprises qui se lancent dans le mécénat artistique s’orientent vers la photographie. Pourquoi, selon vous ?
Pour ma part, il y a une double raison. J’ai connu la photographie à travers une relation déjà ancienne avec Marc Riboud, à l’époque où je travaillais dans une autre entreprise. Mais j’ai découvert par là que la photographie permet aux gens de culture ou de pays différents de se comprendre et de se connaître très vite. C’est un art plus facile, d’une certaine façon, à aborder. C’est aussi quelque chose de très partagé : il y a énormément de photographes amateurs dans tous les pays du monde. Quand vous avez une communauté de salariés comme Alcatel, qui est répartie dans beaucoup de pays, c’est un élément de partage. De plus, on peut y accéder de façon pas trop coûteuse. Et puis il y a un autre aspect : nous vivons chez Alcatel dans le numérique, dans des échanges virtuels à travers des réseaux de télécommunications de plus en plus sophistiqués. Depuis quatre ou cinq ans, les réseaux ont fait d’énormes progrès pour véhiculer très vite des images de qualité.
A Shanghaï, vous soutenez l’exposition « Paris à Shanghaï », qui réunit trois générations de photographes français. La culture française est-elle un atout en Chine pour une entreprise ?
Même si nous ne nous définissions pas comme une entreprise française, nous sommes connus pour être le leader du secteur des télécommunications d’origine française, comme Ericsson pour la Suède ou Nokia pour la Finlande. Vis-à-vis d’un pays comme la Chine, la France est terre de culture, d’art, de luxe. J’ai le regret qu’elle soit moins connue comme terre d’innovation technologique. Mais à partir du moment où nous sommes un grand acteur français en Chine, connu comme tel, il y avait pour nous une vraie logique à faire la promotion de la photographie française, surtout avec Jean-Luc Monterosso et Sophie Schmit comme commissaires de l’exposition.
Le mécénat est-il une bonne manière de pénétrer le marché chinois ?
Il existe une vraie passion des Chinois pour venir voir ce qui vient d’ailleurs, en témoignent les files d’attente pour toutes les expositions autour de l’Année de la France en Chine. Pour voir les impressionnistes, il fallait faire la queue trois ou quatre heures. Les jeunes sont aussi intéressés par l’art d’avant-garde. De plus, quand on va en Chine les décideurs nous parlent spontanément de nos actions de mécénat, comme le soutien du Festival international de la photographie de Pingyao. Nos clients sont des entreprises et des opérateurs de télécommunications, pas les particuliers. Quand nous menons des opérations comme celle-ci, c’est pour les décideurs, nos clients et nos salariés.
En France, plusieurs trésors nationaux ont été acquis en 2004 grâce aux avantages fiscaux de la loi mécénat. Ce dispositif intéresse-t-il aussi Alcatel ?
Compte tenu des difficultés qu’a traversées Alcatel au moment de la crise des télécommunications, nous ne bénéficions pas du dispositif fiscal. Mais dès que nous serons sortis de cette situation, je serai la première ambassadrice des bienfaits de cette loi. Dans le domaine du mécénat, nous avons cependant un autre projet, celui de Magnum, « Reconnaissance, les nouveaux Européens ». Il consiste à montrer le regard de dix photographes de Magnum, qui ont chacun choisi l’un des dix pays qui viennent d’entrer dans l’Union européenne. Ce projet donnera lieu à une exposition à Beaubourg, en septembre, et au Centre Zamek à Varsovie, à l’automne 2006. Les commissaires sont Quentin Bajac pour le Centre Pompidou et Diane Dufour pour Magnum Photos.
Le Musée des beaux-arts de Caen vient de décider d’ouvrir gratuitement ses collections au public. Il rejoint ainsi un nombre de plus en plus important de musées gratuits. Êtes-vous favorable à la gratuité des musées ?
L’autre jour, je suis allée au Musée du Louvre et j’ai trouvé le prix d’entrée plutôt élevé. Pour aller emmener ses enfants voir la Joconde ou la Victoire de Samothrace, on ne devrait pas forcément payer. Je pense donc que la gratuité des musées va plutôt dans le bon sens.
Le Musée d’Orsay et le Musée du Louvre ont lancé des programmes d’art contemporain et font intervenir dans leurs salles des artistes vivants. Soutenez-vous ce genre d’initiative ?
Oui, parce que cela donne une occasion de plus d’aller au musée et cela prouve que l’art n’est pas figé. C’est important de montrer aux jeunes le passé, mais aussi des créations actuelles.
Une exposition vous a-t-elle marquée dernièrement ?
J’ai fait un tour des galeries qui participent à l’exposition « Paris à Shanghai » en prêtant certaines œuvres. J’ai ainsi vu l’exposition de Valérie Belin à la galerie Xippas et Pierre et Gilles à la galerie Jérôme de Noirmont. J’ai aussi adoré le travail d’Antoine d’Agata à la Galerie VU. Je vais également souvent à la Maison européenne de la photographie. J’essaie de voir le plus possible d’expositions de photographies pour approfondir mes connaissances dans le domaine. Je visite aussi beaucoup d’expositions quand je voyage. J’ai ainsi vu récemment à Venise « Turner et Venise ». Quand on visite une ville, on la visite aussi à travers ses expositions.
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Caroline Mille, directeur de la communication du groupe Alcatel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°210 du 4 mars 2005, avec le titre suivant : Caroline Mille, directeur de la communication du groupe Alcatel